En l'exemple de Gaea, œuvre céramique aux lignes séduisantes et à la perfection formelle, Pierre Bayle (†) renoue avec la céramique grecque des origines, dont il reprend et sublime la technique. Un hommage sur plusieurs millénaires.

Il se disait potier ou artiste en terre plutôt que céramiste. Pierre Bayle, aujourd’hui disparu, aura passé sa vie à explorer les potentialités physiques de la terre en interaction avec le feu. Avec sa pièce Gaea, qu’il considère comme « une vraie œuvre de potier, née du désir de retrouver le calme du tour et du geste connu », il livre une sculpture aux formes rondes et généreuses, évocatrice de la Déesse mère, déesse primordiale et terre nourricière en référence aux modèles cycladiques grecs qu'il a observés dans les musées.

Issue d’une terre de brique, à l’instar de celle que tournaient les potiers grecs des premiers temps dont Pierre Bayle adopte les techniques antiques, Gaea est une terre cuite engobée. L’engobe consiste en une barbotine très légère, cuite à mille degrés, faisant corps avec le support qu’elle recouvre. L’argile très fine utilisée par l’artisan est tournée, lissée, polie et révèle des teintes de bruns et de gris noirs.

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    Portrait noir et blanc de Pierre Bayle lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®, en 2002.
    ©Erik Sampers pour la Fondation Bettencourt Schueller
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    Poterie travaillée sur un tourneur, dans l'atelier du ceramiste Pierre Bayle, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®, en 2002.
    ©Erik Sampers pour la Fondation Bettencourt Schueller
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    Gaea, oeuvre réalisée par Pierre Bayle, céramiste, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®, en 2002.
    ©Erik Sampers pour la Fondation Bettencourt Schueller
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    Pigments pour céramique dans l'atelier de Pierre Bayle, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®, en 2002.
    ©Erik Sampers pour la Fondation Bettencourt Schueller
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    Outil du céramistre Pierre Bayle, lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®, en 2002.
    ©Erik Sampers pour la Fondation Bettencourt Schueller


« Cette forme est le produit de l’inspiration après un long mûrissement. Elle est élaborée sur le tour très spontanément. Gaea est un pot inutilisable, sauf pour deux buts essentiels : la gratuité et la beauté. »

Pierre Bayle, le potier archéologue

Titulaire d’un CAP de céramique en 1962, Pierre Bayle fut, pendant dix ans, ouvrier tourneur dans différents ateliers de production. Lors de ses visites à Paris, alors qu’il arpente les musées, il découvre la civilisation antique. De retour dans son Languedoc natal, il installe son atelier à Mailhac avec son propre four de potier, afin d’y développer un travail de création inspiré des techniques des premiers céramistes grecs. Il entreprend également des recherches sur la céramique sigillée gallo-romaine très présente dans l'ancienne Narbonnaise, permettant d'éviter le polissage en obtenant un aspect vernissé. Révélé au public au début des années 1980, il est bientôt exposé lors de manifestations en France et à l’étranger. La Cité de la céramique de Sèvres acquiert ses pièces et une grande exposition rétrospective lui est consacrée à Carcassonne en 1996.

Récompense Talents d'exception du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®

Elle récompense un artisan d'art pour la réalisation d'une œuvre résultant d'une parfaite maîtrise des techniques et savoir-faire d'un métier d'art. Celle-ci doit révéler un caractère innovant et esthétique mais aussi contribuer à l'évolution de ce savoir-faire.

  • Dotation : 50 000 euros
  • Accompagnement : jusqu’à 100 000 euros en fonction du projet de développement proposé.

 

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