Sebastian Amigorena a mis en lumière le rôle de chef d’orchestre des cellules dendritiques au sein de notre système immunitaire. Il dévoile les armes secrètes de ces sentinelles et imagine pouvoir les programmer à enclencher une réponse immunitaire contre le cancer.

Guerre immunitaire : les cellules dendritiques en première ligne

Tapies au cœur des muqueuses et dans tous les organes abritant des lymphocytes, les cellules dendritiques jouent la double fonction de sentinelle et de chef d’orchestre du système immunitaire.

Elles détectent les agents pathogènes, les capturent et exposent à leur surface les antigènes de ces agents infectieux. Elles migrent ensuite pour présenter ces antigènes aux lymphocytes, afin de déclencher une réponse immunitaire.

Les cellules dendritiques sont-elles à même d’initier le même type de réponse immunitaire en présence de cellules tumorales ? Les recherches de Sebastian Amigorena visent à apporter des réponses à cette question cruciale.

Réponse immunitaire anti-tumorale ou pourquoi le système immunitaire ne nous protège pas complètement contre le cancer

À la différence des bactéries ou des virus, les cellules cancéreuses ne sont pas des agents étrangers à l’organisme, elles appartiennent au « soi ». Pourtant, le système immunitaire est capable de reconnaître ces cellules tumorales comme du « soi altéré », mettant en péril l’organisme.

Les cellules dendritiques identifient ainsi les antigènes tumoraux et les présentent aux lymphocytes. Mais bien souvent la réponse immunitaire induite ne suffit pas à éliminer le cancer.

En élucidant les différents aspects de l’initiation des réponses immunitaires par les cellules dendritiques, Sebastian Amigorena a imaginé apprendre au système immunitaire à se défendre contre les cancers.

Vers un vaccin contre le cancer

La Fondation Bettencourt Schueller a souhaité soutenir ces recherches porteuses pour le développement de l'immunothérapie contre le cancer.

Pionniers dans l’utilisation de techniques de microscopie multiphotonique, Sebastian Amigorena et son équipe ont pu observer la rencontre entre les cellules dendritiques et les lymphocytes T, dans les ganglions lymphatiques.

Ils ont pu démontrer que contrairement aux autres phagocytes, les cellules dendritiques dégradent seulement en partie, les pathogènes qu’elles ingèrent, pour conserver des fragments de protéines qu’elles pourront ensuite présenter aux lymphocytes.

Cette découverte a été cruciale pour le développement de vaccins anti-tumoraux, consistant à prélever des cellules dendritiques, pour y intégrer des protéines spécifiques à la tumeur ciblée. L’inoculation de ces cellules modifiées permet de diminuer la tolérance du système immunitaire à la tumeur et d’accroître la réponse immunitaire.

Sebastian Amigorena en quelques mots

Biologiste de formation, Sebastian Amigorena se spécialise en immunologie lors de son doctorat à l’institut Curie. Il élucide alors plusieurs mécanismes afférents à la production d’anticorps par les lymphocytes B.

D’abord post-doctorant à l’Institut Curie, il effectue un deuxième post-doctorat sur la biologie cellulaire de la présentation antigénique dans les lymphocytes B, à l’université de Yale, aux États-Unis.

De retour en France en 1995, il constitue sa propre équipe de recherche à l’Institut Curie, dédiée à la biologie cellulaire de la présentation antigénique.

Ses travaux lui vaudront de nombreuses distinctions telles que le prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant en 2005, ou encore le Fredrick W Alt Award for new discoveries in immunology, en 2012.

Sebastian Amigorena et son équipe, ont notamment mis en lumière les mécanismes de présentation antigénique et d’amorçage des lymphocytes T par les cellules dendritiques, engageant des applications cliniques très prometteuses dans les domaines de l'immunothérapie contre le cancer.

  • 1990 Doctorat de biochimie et d’immunologie, Université Paris Diderot

  • 1990 Post-doctorat, dans le laboratoire du Docteur Wolf Hervé Fridman, Institut Curie, Paris

  • 1990 Chargé de recherche au CNRS

  • 1993 Post-doctorat, dans le laboratoire du Docteur Ira Mellman, Département de biologie cellulaire, Université de Yale, New Haven (États-Unis)

  • 1995 Responsable de l’équipe biologie de la présentation antigénique, unité Inserm/Institut Curie, Paris

  • 1999 Directeur de recherche au CNRS

  • 2005 Médaille d’argent du CNRS et Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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