La migration cellulaire est essentielle pour la cicatrisation, ainsi que pour les réponses immunitaires et inflammatoires. Anne Ridley démontre qu’un dysfonctionnement de ces processus migratoires peut favoriser la dissémination de cancers et la déclaration de maladies inflammatoires chroniques.

Endothélium et mobilité des cellules immunitaires

Pour lutter contre les agents pathogènes et les cancers, nos cellules immunitaires circulent en permanence dans l’organisme, notamment via le réseau sanguin. Leur mobilité suppose des changements de leur morphologie et une perméabilité des barrières cellulaires traversées, telles que l’endothélium.

Monocouche cellulaire qui tapisse l’ensemble des vaisseaux sanguins, l’endothélium contrôle la perméabilité vasculaire ainsi que les réactions inflammatoires et immunitaires.

Mais ce contrôle de la migration cellulaire peut être mis à mal et favoriser la propagation de cancers ou la déclaration de maladies inflammatoires.

Mécanismes migratoires des cellules cancéreuses et des leucocytes

En traversant l’endothélium, les cellules tumorales pénètrent le réseau sanguin et se disséminent dans l’organisme, créant des métastases à distance de la tumeur initiale.

Par ailleurs, un dysfonctionnement de l’endothélium peut favoriser l’installation d’une inflammation chronique pathologique.

L’équipe de recherche d’Anne Ridley est parvenue à caractériser les mécanismes permettant aux cellules cancéreuses comme aux leucocytes (autrement dit les globules blancs), de traverser l’endothélium pour circuler à travers l’organisme.

Les cellules du système immunitaire peuvent se faufiler entre les cellules endothéliales, ou traverser les cellules elles-mêmes. Les cellules cancéreuses s’insèrent quant à elles de façon pérenne dans la barrière endothéliale, dont les cellules se rétractent.

Rôle des Rho GTPases dans la migration cellulaire

Anne Ridley a, de plus, identifié un acteur majeur de la mobilité cellulaire et de la perméabilité de l’endothélium : les protéines Rho GTPases. Elles affectent notamment le cytosquelette, squelette intracellulaire qui confère ses propriétés architecturales et mécaniques à la cellule.

Or le séquençage du génome de différentes tumeurs humaines a permis d’observer l’expression génétique altérée de plusieurs Rho GTPases. Ces protéines pourraient ainsi être des cibles thérapeutiques prometteuses.

Via la dotation du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant, la Fondation Bettencourt Schueller a souhaité encourager ces recherches novatrices, qui ouvrent de nouvelles voies thérapeutiques pour le traitement des métastases cancéreuses et des maladies inflammatoires chroniques.

Anne Ridley en quelques mots

Après des études de biochimie à l’Université de Cambridge, Anne Ridley entreprend un doctorat sur la régulation des oncogènes dans les cellules de Schwann, cellules gliales entourant les neurones. Au sein de l’Imperial Cancer Research Fund, elle démontre que la formation de tumeurs dépend de la coopération entre différents oncogènes.

Son post-doctorat à l’Institut Whitehead de Cambridge, lui permet de découvrir le rôle des protéines Rho GTPases dans la migration cellulaire à travers l’endothélium.

Professeur de biologie cellulaire au King's College de Londres puis Directrice de la School of Cellular and Molecular Medicine Cancer de Bristol, elle poursuit ses recherches sur la migration cellulaire, et contribue à la compréhension de la progression du cancer et de l'inflammation.

  • 1989 Doctorat de biologie, University of London (Royaume-Uni)

  • 1989 Post-doctorat au Whitehead Institute, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge (États-Unis)

  • 1990 Post-doctorat à l’Institute of Cancer Research, Londres (Royaume-Uni)

  • 1993 Chef du laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire, Ludwig Institute for Cancer Research, University College London (Royaume-Uni)

  • 2000 Médaille Hook, British Society for Cell Biology

  • 2004 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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