Peut-on dire à nos veines de ne pas se développer ? Cela fait des années que Peter Carmeliet y travaille. En déchiffrant les mécanismes qui dirigent le développement de notre système vasculaire, il trace des voies innovantes pour lutter contre les tumeurs.

Les tumeurs, parasites du système vasculaire

Les tumeurs ont un fonctionnement bien particulier qui leur permet de croître. Elles parasitent le système vasculaire de leurs hôtes pour subvenir à leurs propres besoins nutritifs. D'ailleurs, les vaisseaux sanguins de l'organisme humain sont normalement entièrement formés pendant le développement embryonnaire.

Chez l'adulte, la prolifération des cellules qui bordent l'intérieur des veines et des artères est donc souvent synonyme de danger. C'est pourquoi un grand nombre d’approches thérapeutiques vise à inhiber la création de nouveaux vaisseaux et ainsi affamer la tumeur. Parvenir à contrôler le développement des vaisseaux sanguins constitue une clef pour l'avenir du traitement des tumeurs.

Maîtriser la formation des vaisseaux sanguins

Peter Carmeliet a passé des années à comprendre les mécanismes moléculaires de l’angiogenèse : autrement dit, la formation de nouveaux vaisseaux à partir d'un réseau existant. Cependant, il ne s'est pas arrêté à la compréhension pure de ces mécanismes.

Pionnier dans son domaine, il a su traduire ces précieuses connaissances en concepts thérapeutiques utilisables pour guérir des malades. Le chercheur a notamment été le premier à démontrer le rôle crucial de l’hormone dite VEGF dans la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Cette découverte précurseure a généré le développement d’un grand nombre de traitements anti-tumoraux.

Le soutien de la fondation

Grâce au soutien de la Fondation, Peter Carmeliet compte bien continuer ce travail bien entamé. Au Vesalius Research Center de Louvain, il guide son équipe vers l’élucidation des mécanismes métaboliques des cellules endothéliales, qui bordent l’intérieur des vaisseaux sanguins. Ces dernières jouent un rôle essentiel dans le débit sanguin local, en sécrétant des agents vasoconstricteurs ou vasodilatateurs.

Ces mécanismes ont la particularité de préférer des conditions anaérobies, bien que les cellules endothéliales soient dans une position de choix pour accéder à l’oxygène du sang. Cette spécificité permettrait la prolifération dans des zones non encore vascularisées – les tumeurs, par exemple. Maîtriser ces mécanismes métaboliques permettrait de développer de nouvelles voies thérapeutiques pour interférer avec l’angiogenèse ou, au contraire, la stimuler.

Peter Carmeliet en quelques mots

Après avoir complété sa formation de chercheur au cours de deux post-doctorats, Peter Carmeliet revient à Louvain pour créer son propre groupe de recherche. Objectif : comprendre la croissance des vaisseaux sanguins. Le médecin-chercheur démontre le rôle crucial de l'hormone VEGF dans l’angiogenèse. Quelques années plus tard, il découvre le potentiel thérapeutique anticancéreux de la molécule, PlGF (Placental Growth Factor).

En 2001, il décèle un nouveau rôle pour VEGF : une action neuroprotective qui vient à manquer dans le développement de la sclérose latérale amyotrophique, maladie incurable et mortelle touchant les neurones moteurs. Il a par ailleurs grandement contribué à la recherche sur les maladies cardiovasculaires en créant la première souris modèle d’ischémie spontanée.

  • 1984 Doctorat de médecine, Université de Louvain (Belgique)

  • 1989 Doctorat de neuroendocrinologie, Université de Louvain (Belgique)

  • 1989 Post-doctorat au Harvard Medical School, Boston (États-Unis)

  • 1990 Post-doctorat au Whitehead Institute, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge (États-Unis)

  • 1990 Chargé de recherche au Fonds national pour la recherche scientifique

  • 1996 Chef d’équipe au Vesalius Research Center, Louvain (Belgique)

  • 2002 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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