Le Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs 2021 récompense Pierre Seners, chercheur en neurosciences, pour ses recherches sur l'accident ischémique cérébral.

Des conséquences de l'accident ischémique cérébral

L'accident ischémique cérébral (AIC) est la perte soudaine des fonctions cérébrales causée par l'obstruction d'un vaisseau sanguin dans le cerveau. En France, il représente la première cause de handicap physique acquis chez l'adulte. Malgré de nouvelles thérapies très efficaces, les conséquences de l'AIC restent importantes en raison des dommages qui se produisent progressivement dans la période précédant le traitement, qui peut être longue si les patients doivent être transférés d'un hôpital à l'autre (situation la plus fréquente à travers le monde).

Afin de limiter la progression des dommages cérébraux pendant ce transfert, il est important de pouvoir prédire quels patients sont les plus susceptibles de les développer.

L'imagerie cérébrale pour prédire la progression des lésions

Dans le laboratoire de Gregory W. Albers au Wu Tsai Neurosciences Institute, Pierre Seners construira plusieurs modèles pour prédire la vitesse de progression des lésions cérébrales, à partir d'images obtenues par deux techniques couramment utilisées pour le diagnostic des accidents ischémiques cérébraux. Il analysera les données d'imagerie cérébrale obtenues avant et après le transfert entre hôpitaux d'un groupe de patients aux États-Unis (images de tomodensitométrie), et d'un groupe de patients en France (imagerie par résonance magnétique). À partir de ces images, Pierre Seners construira plusieurs modèles permettant de prédire la vitesse de progression des lésions et identifiera le modèle offrant la prédiction la plus précise.

Cette étude permettra d'identifier de manière fiable les patients présentant un risque plus élevé de progression rapide des lésions lors d'un transfert entre hôpitaux. De plus, ces patients pourront être inclus dans des futurs essais thérapeutiques visant à limiter la progression des lésions, en France mais aussi dans d'autres pays comme les États-Unis où les techniques d'imagerie utilisées pour le diagnostic de l’AIC sont différentes.

Pierre Seners en quelques mots

Pierre Seners est neurologue et depuis 2015 il partage son activité hospitalière avec des activités de recherche au Centre Hospitalier Sainte Anne et au département de neurologie de l’Hôpital Fondation A. de Rothschild, à Paris.

Lors de sa thèse de sciences sous la direction de Jean-Claude Baron à l'Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, il s'intéresse aux traitements pour rétablir la circulation sanguine le plus rapidement possible après un accident ischémique cérébral (AIC).

Actuellement deux techniques sont utilisées successivement : injecter une substance chimique pour dissoudre le caillot qui obstrue le vaisseau sanguin, puis extraire le caillot de façon mécanique si le traitement chimique n’a pas été suffisant. Cependant, la combinaison de ces deux traitements n'est pas toujours nécessaire et peut avoir des effets délétères.

Pierre Seners identifie à l’aide de l’imagerie cérébrale des facteurs permettant de prédire l’efficacité de la dissolution chimique seule (taille du caillot par exemple). Depuis cette thèse, il poursuit activement des recherches sur l’intérêt de l’imagerie cérébrale dans les premières heures de l’AIC, visant à prédire l’évolution clinique des patients selon le traitement administré, dans l’optique d’une médecine personnalisée.

Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs

Créé en 1990, le Prix pour les jeunes chercheurs est l’une des premières initiatives de la Fondation Bettencourt Schueller. Jusqu'en 2021, ce prix était décerné chaque année à 14 jeunes docteurs en sciences ou docteurs en médecine, pour leur permettre de réaliser leur séjour post-doctoral dans les meilleurs laboratoires étrangers. 349 jeunes chercheurs ont été distingués. La dotation du prix était de 25 000 euros.

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