Le Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs 2021 récompense Lucie Berkovitch, post-doctorante en neurosciences, pour ses recherches sur la schizophrénie.

Schizophrénie et anomalies de la conscience

Lucie Berkovitch s'intéresse à la conscience qui peut être définie comme la capacité à avoir des représentations mentales accessibles et communicables de soi-même et de l'environnement extérieur. Plus spécifiquement, Lucie Berkovitch étudie les anomalies de la conscience dans une maladie mentale complexe, la schizophrénie, qui touche environ 1 % de la population générale.

Les patients ayant une schizophrénie présentent des symptômes psychotiques, tels que des délires et des hallucinations. Pendant son doctorat, Lucie Berkovitch a observé que ces patients ont des difficultés à faire accéder des informations à leur conscience, alors qu’ils sont capables de les traiter de façon subliminale. Cela pourrait être dû à des problèmes d’attention et de connectivité de leur cerveau.

Reproduire les symptômes de la schizophrénie via des substances psychotropes

Pour aller plus loin dans les mécanismes de la schizophrénie, Lucie Berkovitch va effectuer un stage post-doctoral dans le laboratoire d’Alan Anticevic à Yale aux États-Unis.

Dans ce cadre, elle réalisera des expériences chez des personnes saines sous l’emprise de deux substances qui produisent des effets similaires à certains symptômes de la schizophrénie, ce qui lui permettra de savoir si l’attention et l’état de conscience jouent un rôle causal dans ces manifestations psychotiques. Une de ces substances, la kétamine, produit des altérations de la conscience (anesthésiant à fortes doses) et des symptômes psychotiques temporaires. La deuxième, la psilocybine, est la substance active des champignons hallucinogènes, mais ses effets sur la conscience et l’attention ne sont pas encore étudiés. Le projet de Lucie Berkovitch vise à étudier les effets de ces deux substances sur le cerveau dans deux conditions :

 Au repos, pour observer les changements dans la connectivité de leur cerveau et l’activité de leur cerveau lors de l’apparition de symptômes psychotiques ;

  En action, lorsque les personnes effectuent des tâches visuelles qui permettent d’évaluer leur niveau de conscience et leur attention.

Même si beaucoup reste à faire pour comprendre les origines de la schizophrénie, cette étude aidera à comprendre les mécanismes neurobiologiques des symptômes psychotiques.

Lucie Berkovitch en quelques mots

Lucie Berkovitch a obtenu son diplôme de psychiatre en 2019. Elle fait partie de la communauté ALIUS, qui stimule le dialogue interdisciplinaire entre les chercheurs spécialistes de l’étude de la conscience.

Lors de sa thèse de sciences sous la direction de Raphaël Gaillard et Stanislas Dehaene, elle montre que les patients ayant une schizophrénie présentent des anomalies de l'activité cérébrale lorsque leur attention est sollicitée. Elle observe également que les patients présentant des manifestations psychotiques ont des anomalies d'accès à la conscience et des altérations de leur connectivité cérébrale.

Après sa thèse Lucie Berkovitch occupe un poste de cheffe de clinique assistante, à la tête d’une unité spécialisée dans les affections psychiatriques résistantes au Service Hospitalo-Universitaire de l’Hôpital Sainte Anne, tout en développant un projet de recherche sur la conscience à l’Institut du Cerveau et de la Moëlle Épinière à Paris.

Durant son stage post-doctoral aux États-Unis, Lucie Berkovitch utilisera l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, pour étudier l'effet de différentes substances capables de perturber l'état de conscience et de générer des symptômes psychotiques, ce qui lui permettra d'aller plus loin dans ces travaux.

Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs

Créé en 1990, le Prix pour les jeunes chercheurs est l’une des premières initiatives de la Fondation Bettencourt Schueller. Jusqu'en 2021, ce prix était décerné chaque année à 14 jeunes docteurs en sciences ou docteurs en médecine, pour leur permettre de réaliser leur séjour post-doctoral dans les meilleurs laboratoires étrangers. 349 jeunes chercheurs ont été distingués. La dotation du prix était de 25 000 euros.

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