Antonio Simeone Les chefs d'orchestre de la formation du cerveau
Antonio Simeone, Professeur de génétique développementale et Chef d’équipe au MRC Centre for Developmental Neurobiology, King’s College, Londres (Royaume-Uni)
- 2000 • Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant
Au cours de la vie embryonnaire, le cerveau a suivi un plan de développement dicté par les mêmes gènes que ceux de la mouche du vinaigre Drosophila melanogaster. Cette découverte majeure est l'une de celles qui ont valu à Antonio Simeone d’être récompensé par la Fondation Bettencourt Schueller.
Des messages codés pour le développement de l'embryon
Qu'il s'agisse des mouches ou des humains, la génétique détient les clefs de nombreuses caractéristiques des animaux. Les gènes sont des segments de l'ADN qui « codent » pour des protéines. Ce sont donc en quelque sorte des « messages codés », qui se traduisent par la synthèse de protéines. Ces dernières exercent des fonctions spécifiques dans l'organisme.
Chez la mouche, on trouve deux gènes bien particuliers. Ils se nomment otx1 et otx2, et ont un rôle crucial. En effet, ils font partie de la famille des gènes homéotiques, c'est-à-dire qu'ils « codent » pour des protéines destinées à activer d’autres gènes en cascade. Ces programmes de transcription sont activés lors de la morphogénèse embryonnaire. Autrement dit, ils interviennent dans le processus au cours duquel un embryon développe sa forme, sa structure, et ses fonctions.
Les plans de fabrication du corps
Au fil de ses recherches, Antonio Simeone a travaillé à décrypter les mécanismes génétiques aux fondements de la formation des animaux et de leurs cerveaux. C'est ainsi qu'il a commencé à percer les secrets des gènes Otx1 et 2. Le rôle de ces derniers est d'orchestrer la « segmentation » de l'animal : son plan d'organisation, en quelque sorte. C'est la raison pour laquelle une mutation dans un gène homéotique provoque généralement des malformations spectaculaires.
En tant que gènes homéotiques, Otx 1 et 2 ont une spécialité : ils organisent la régionalisation du cerveau. Le moindre dysfonctionnement dans leur code peut donc avoir des conséquences d'ampleur. Par exemple, les individus qui ne possèdent aucune copie fonctionnelle de Otx2 ne forment pas de tête. La compréhension de ce fonctionnement est une ressource précieuse, d'autant plus que le développement de l'embryon humain répond à des gènes similaires.
Le soutien de la fondation
L’obtention du Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant a permis à Antonio Simeone de poursuivre ses recherches de pointe en génétique. Il a ainsi pu approfondir la caractérisation des rôles des gènes Otx 1 et 2 et de leurs homologues chez les vertébrés. Il a notamment su démontrer avec ses équipes l’implication fondamentale d’Otx 1 et 2 dans la formation du cerveau épileptique.
Antonio Simeone en quelques mots
Dès leurs débuts, les travaux d’Antonio Simeone sont porteurs de résultats exceptionnels. Travaillant dans des conditions difficiles, il tient tête à une concurrence internationale bien mieux équipée. Il découvre le fonctionnement du regroupement de gènes homéotiques humains HOXC. Il démontre que ces gènes sont exprimés un à un, linéairement, selon le développement de l’axe antéro-postérieur. Ce concept majeur sous-tend aujourd’hui encore une grande partie de la recherche en biologie du développement. Ses travaux actuels portent sur le contrôle de l’expression des gènes Otx 1 et 2, sur leur rôle dans les pathogenèses neurodégénératives et dans les cancers de la lymphe.
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1988 Doctorat de génétique cellulaire et moléculaire, Université de Naples (Italie)
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2000 Professeur ordinaire de génétique développementale, King’s College, Londres (Royaume Uni)
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2000 Chef d’équipe au MRC Centre for Developmental Neurobiology, King’s College Londres (Royaume-Uni)
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2000 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant
Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant
Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.
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