Marc Parmentier est un scientifique qui aime jouer aux devinettes avec les protéines. En utilisant une méthode qu'il a lui-même mise au point, il parvient à identifier la fonction de certains récepteurs clefs encore mystérieux. Ses recherches ont déjà aidé à concevoir un traitement contre le VIH.

Des protéines orphelines

Dans la communication entre cellules, la membrane est reine. Criblée de molécules aux fonctions diverses, elle est traversée de part et d'autre par des protéines impliquées dans une myriade de pathologies : les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG). Du fait de leur localisation entre les milieux externe et interne, ces récepteurs jouent un rôle pivot dans l’interaction de la cellule avec son environnement.

On retrouve ainsi des RCPG dans la régulation de processus aussi divers que le rythme cardiaque, l’élimination d’eau et d’ions par les reins, la faim, ou encore les émotions. Bien connaître leur fonctionnement peut donc s'avérer crucial dans le traitement de certaines affections.

Percer les secrets des RCPG

Les RCPG sont encore loin d'avoir révélé tous leurs secrets aux scientifiques. En effet, un grand nombre d'entre eux sont appelés « RCPG orphelins ». Cela signifie qu'on ne connaît encore pour eux ni le messager spécifique, ni la fonction physiologique. Pourtant, leur identification pourrait être cruciale pour traiter certaines maladies.

À l’Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire, le groupe de Marc Parmentier travaille à la caractérisation d’un grand nombre de ces fameux RCPG orphelins. Ceux-ci sont en effet susceptibles de représenter des cibles thérapeutiques de choix. Le chercheur a notamment développé une méthode pour isoler ces récepteurs à la fonction inconnue, afin de faciliter leur étude.

Le soutien de la Fondation

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant aide Marc Parmentier à poursuivre ses investigations. Deux familles principales de récepteurs attirent particulièrement son attention et celle de son équipe : les récepteurs orphelins présents dans le cerveau et ceux des cellules du système immunitaire. La compréhension des premiers permet la caractérisation de nouvelles voies de signalisation dans le système nerveux central.

L'analyse des seconds donne des outils de régulation des fonctions immunitaires. Marc Parmentier a ainsi guidé la découverte et la caractérisation du récepteur CCR5, qui s’est révélé être le principal co-récepteur permettant l’entrée du VIH dans les cellules T CD4. Un agent bloquant ce récepteur est aujourd’hui la molécule active du traitement antirétroviral Maraviroc.

Marc Parmentier en quelques mots

Marc Parmentier débute sa carrière scientifique par l’étude de facteurs impliqués dans le contrôle de la tension sanguine. Formé à la biologie moléculaire au Tennessee (États-Unis), il retourne ensuite en Belgique. Il y explore les mécanismes des protéines liant le calcium dans le cerveau. Il prend rapidement la tête d’une unité de transgénèse. Il s'intègre alors à un programme de recherche visant à isoler le récepteur de l’hormone contrôlant la fonction thyroïdienne.

Au sein de ce projet, il participe au développement d’une stratégie d’isolation de gènes d’une même famille à l’aide de la Polymerase Chain Reaction (PCR). Cette stratégie est encore très largement utilisée à travers le monde. Elle permet à Marc Parmentier et à ses collaborateurs d’isoler des récepteurs à la fonction entièrement inconnue. Qualifiés d’« orphelins », ils concentrent toute l’attention de Marc Parmentier depuis.

  • 1981 Docteur en médecine, Université libre de Bruxelles (Belgique)

  • 1984 Post-doctorat au département de biochimie de la Vanderbilt University, Nashville (États-Unis)

  • 1986 Chargé de recherche du Fonds national pour la recherche scientifique (Belgique)

  • 1990 Doctorat ès sciences, Université libre de Bruxelles

  • 1996 Professeur associé, Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire de l’Université libre de Bruxelles

  • 1998 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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