Bénédicte Michel Comprendre les dysfonctionnements de l'ADN
Bénédicte Michel, Directrice du Centre de génétique moléculaire de Gif-sur-Yvette
- 2007 • Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française 2007 a récompensé Bénédicte Michel, à la tête du Centre de génétique moléculaire de Gif-sur-Yvette, pour ses recherches menées sur les perturbations du système génétique au sein de l'ADN.
Les rouages de l’instabilité génétique
Au Centre de génétique moléculaire de Gif-sur-Yvette, une équipe de biologistes moléculaires, de généticiens et de biochimistes décrypte les mécanismes qui mènent aux erreurs de réplication de l’ADN. L’immense majorité des cancers résulte d’un remaniement chromosomique malheureux, faisant suite à des lésions de l’ADN. Celles-ci peuvent être la conséquence d’agressions physiques (rayonnement UV par exemple), chimiques ou de dysfonctionnements métaboliques.
L’équipe de Bénédicte Michel a été la première à déterminer que les perturbations de la réplication de l’ADN augmentaient la fréquence des réarrangements chromosomiques. Ces remaniements affectent la stabilité génétique en compromettant la fidélité des informations transmises à la descendance des cellules qui se divisent.
Un nouveau lieu dédié à l'étude de l'ADN et ses perturbations
Soutenue par la Fondation Bettencourt Schueller pour l’aménagement de ses locaux et l’acquisition de matériel de microscopie à fluorescence, l’équipe francilienne explore la mécanique fine de ces phénomènes. À l’aide de la bactérie modèle Escherichia coli, les chercheurs étudient les fourches de réplications. Ces emplacements où le double-brin d’ADN est ouvert pour permettre sa « lecture » sont un lieu propice aux perturbations. L’équipe du Docteur Michel étudie tout particulièrement les enzymes qui agissent sur l'ADN dans différentes conditions troublées de la réplication. Elle s’intéresse également aux éléments de structure ou de fonction de l'ADN qui déterminent l'action de ces enzymes. Loin de s’arrêter à la mécanique bactérienne, les résultats obtenus concerneront presque tous les êtres vivants, puisque les protéines employées sont conservées au travers de l’évolution.
Bénédicte Michel en quelques mots
Dans les années 1990, Bénédicte Michel, alors chercheur à l’Institut national de recherche agronomique, secoue les conceptions de la biologie moléculaire concernant la réplication de l’ADN. Elle démontre qu’un arrêt de réplication mène à une plus grande instabilité génétique. Les observations ont un fort impact mais mettent du temps à être véritablement intégrées par la communauté scientifique. Elles vont en effet à l’encontre de l’image qui est alors celle de la réplication de l’ADN : un processus parfait, bien huilé, sans surprises. Lorsque le paradigme se déplace enfin, la chercheuse a déjà fait évoluer ses travaux vers la question du devenir des fourches de réplication inactivées et découvert qu’elles peuvent être stabilisées et réparées par recombinaison homologue.
Ce nouveau rôle pour la recombinaison homologue retentit fortement dans la communauté scientifique. Bénédicte Michel s’intéresse depuis aux protéines de recombinaison et à leur rôle parfois délétère, combattu par la cellule.
Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.
Tous les lauréats du prix