Romain Bourboulou Élucider les mécanismes neuronaux de la consolidation de la mémoire spatiale
Romain Bourboulou, post-doctorant en neurosciences, University College of London (Royaume-Uni), dans le laboratoire du professeur Caswell Barry.
- 2020 • Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs
Le Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs 2020 récompense Romain Bourboulou, post-doctorant en neurosciences, pour ses recherches sur l'hippocampe et la mémoire spatiale.
L’hippocampe, complément circonstanciel de lieu ?
Pour s’orienter de manière flexible et efficace dans leur habitat naturel, les animaux et les hommes peuvent s’appuyer sur une représentation interne du monde qui les entoure, une carte cognitive. Au milieu de notre cerveau, l’hippocampe est reconnu comme l’un des acteurs essentiels à l’élaboration de cette carte. Notamment parce qu’il contient des cellules de lieux qui s’activent dans un environnement donné lorsque nous sommes à des endroits précis et restent silencieuses ailleurs.
Dans les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, ces mécanismes sont parmi les premiers à être altérés avec des effets invalidants pour les patients.
De la consolidation de la mémoire spatiale
Romain Bourboulou étudie une deuxième fonction de l’hippocampe : son rôle central dans la formation, le maintien et le rappel de la mémoire spatiale. Pendant le sommeil ou des périodes d’immobilité, certains neurones de l'hippocampe rejouent de manière accélérée, des séquences de lieux visités précédemment. On parle alors de replay, un processus considéré comme crucial pour la conversion de mémoires labiles en traces plus stables et plus durables : la consolidation de la mémoire.
Pendant son projet de post-doctorat, Romain Bourboulou cherche à élucider les mécanismes neuronaux de la consolidation de la mémoire à court terme dans l’hippocampe vers la mémoire à long terme dans le cortex. Pour cela, il utilise une approche expérimentale originale combinant de l’imagerie et des enregistrements électrophysiologiques de circuits neuronaux in vivo. Son post-doctorat lui permettra également de se former à des méthodes d’analyse et de modélisation computationnelle de pointe. Cette approche multidisciplinaire l’aidera à mieux comprendre les mécanismes sous-tendant la formation de la mémoire dans le cerveau sain et potentiellement sa dégradation dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer.
« L’enjeu est de mieux comprendre comment plusieurs régions de notre cerveau dialoguent et collaborent afin de former de nouvelles mémoires. » Romain Bourboulou
Romain Bourboulou en quelques mots
Romain Bourboulou est Docteur en sciences, spécialisé en neurosciences. Il a réalisé sa thèse à l’Institut de Neurobiologie de la Méditerranée à Marseille sur la résolution du codage spatial dans l’hippocampe. Lors de cette thèse, il s’est attaché à mieux comprendre comment les informations du monde extérieur influencent notre carte cognitive. Pour cela, il a utilisé une combinaison novatrice d’enregistrements électrophysiologiques et d’une tâche comportementale en réalité virtuelle. Ses résultats de recherche démontrent pour la première fois que cette carte mentale est dynamique et qu’elle s’adapte localement en fonction de la disponibilité d’informations sensorielles dans un environnement.
Romain Bourboulou est aussi expert en traitement du signal, en programmation et en interfaces électroniques : ces technologies lui permettent de réaliser des enregistrements de l’activité neuronale et du comportement d’un animal de manière fine et précise.
Son approche pluridisciplinaire, à mi-chemin entre comportement, codage neuronal, modélisation et analyse statistique, offre un éclairage inédit et prometteur sur les mécanismes de l’orientation spatiale et de la mémoire qui sont altérés dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer, l’épilepsie du lobe temporal ou les troubles de l’attention.
Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs
Créé en 1990, le Prix pour les jeunes chercheurs est l’une des premières initiatives de la Fondation Bettencourt Schueller. Jusqu'en 2021, ce prix était décerné chaque année à 14 jeunes docteurs en sciences ou docteurs en médecine, pour leur permettre de réaliser leur séjour post-doctoral dans les meilleurs laboratoires étrangers. 349 jeunes chercheurs ont été distingués. La dotation du prix était de 25 000 euros.
Tous les lauréats du prix