Nadège Mouyssinat Une porcelaine aussi légère que l’air

Mêler le beau et l’utile

L’exercice atteint une forme de perfection avec cette Console Pseudosphères composée d’un plateau en inox poli sur lequel reposent 24 cônes de porcelaine qui semblent flotter dans l’espace, et rejoindre l’infini. Quatre années de travail ont été nécessaires pour la réalisation de cette œuvre, de sa conception jusqu’aux étapes ultimes de sa réalisation. Pour parvenir à ce résultat, la porcelainière Nadège Mouyssinat a imposé la fabrication de moules sur mesure, certains allant jusqu’à 1,20 mètre de hauteur ; une série de ponçages pour donner à la texture l’aspect d’un marbre à la surface remarquablement lisse et satinée ; enfin un assemblage très complexe avec la pose de pièces métalliques à l’intérieur des cônes de porcelaine pour fixer l’ensemble.

Vers une fabrication plus durable

Repoussant de nombreuses limites en termes de technicité, l’œuvre témoigne aussi d’une recherche très contemporaine, destinée à rendre les étapes de fabrication de la porcelaine plus durables, et plus vertueuses. Nadège Mouyssinat a notamment conçu une nouvelle génération de supports de cuisson en alumine et porcelaine, entièrement réutilisables. Elle privilégie également une cuisson à 1250° (au lieu de 1400°), ce qui permet de réduire la consommation de gaz ou d’électricité de 25 à 30%, tout en préservant le même niveau de sophistication, grâce à la mise en place de nouvelles techniques de ponçage.

Légèreté et puissance technique

Aussi technique que vertueux, le résultat est une œuvre quasi hypnotique avec cette forêt de cônes qui se reflètent dans le miroir du plateau, donnant l’impression de flotter dans l’espace. Pensée pour convoquer l’émotion, la perturbation visuelle offre au spectateur la sensation d’une légèreté quasi spirituelle, les courbes de ces cônes reprenant les courbes des hyperboles qui tendent vers l’infini. D’une grande puissance esthétique, cette console se veut également un manifeste, la volonté de démocratiser l’art par la fonctionnalité. Comme un cheval de Troie, l’art s’immisce dans cet objet sans être sanctuarisé, ce qui en fait une oeuvre moins intimidante, imaginée et destinée à tous. Une démarche qui signe cette pièce, autant que l’humanisme de son auteure.

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« Cette console exceptionnelle m’a séduite avant tout par sa délicatesse, et sa poésie. Elle cultive l’effet de surprise, le goût du
trompe-l’œil. Elle joue à perturber les sens, semble flotter dans l’espace et se multiplie à l’infini par le reflet de ses cônes dans le miroir. Cette création montre à quel point un objet usuel peut devenir une œuvre d’art à part entière. J’ai retrouvé là beaucoup de points communs avec l’univers du théâtre, où l’objet perd sa fonction pour devenir un décor. »