Fasciné par l'étude des virus, Juan Reguera a jeté son dévolu sur le Chikungunya. Pionnier dans le décryptage de son mode de transmission, il adopte une approche globale qui lui permet une compréhension profonde. Ses recherches tracent des pistes pour la recherche de traitements.

Comprendre le mécanisme de réplication du virus

En 1952, le virus du Chikungunya est identifié pour la première fois en Tanzanie. Transmis par le moustique tigré Aedes, il fait son apparition sur le territoire américain 61 ans plus tard. L'infection est aujourd'hui en pleine expansion. Rarement mortelle, elle provoque des douleurs articulaires intenses qui peuvent devenir chroniques.

Jusqu'aux recherches entamées par Juan Reguera, la plupart des recherches se sont concentrées sur un ou deux sites d'importance des enzymes impliquées dans le développement du virus. Le chercheur, lui, veut aller au-delà. En utilisant une approche pluridisciplinaire, Juan Reguera souhaite disséquer finement les mécanismes de réplication du matériel génétique du virus, afin de fournir des outils pour la découverte de nouveaux traitements.

Présentation - Dotation du programme ATIP-Avenir 2015

Des molécules anti chikungunya

Soutenu par la Fondation pour créer son équipe à Marseille, Juan Reguera veut appréhender le complexe de réplication dans son ensemble. Le virus Chikungunya stocke son génome sur de l'ARN. À l'aide de techniques de biochimie structurale, le chercheur va entrer dans l'intimité des polymérases. Ces enzymes synthétisent du nouvel ARN à partir de l'ARN génomique viral. Elles interagissent aussi avec d'autres enzymes qui y apportent des modifications.

En élucidant la structure tridimensionnelle de cet ensemble protéique, Juan Reguera et son équipe pourront déterminer comment les domaines actifs des enzymes sont couplés et régulés au cours de l'infection, et comment l'ARN viral est reconnu par cette machinerie. Ainsi, ils obtiendront une connaissance beaucoup plus complète des mécanismes de réplication du virus. La jeune équipe concevra ensuite de petites molécules pour contrer les mécanismes de réplication et de transcription du Chikungunya ainsi dévoilés.

Juan Reguera en quelques mots

Dès ses débuts, Juan Reguera se passionne pour les structures virales. Son doctorat concerne le virus minute de la souris, de forme sphérique et stockant son information génomique sur de l'ADN. Puis, il ne travaille plus qu'avec des virus à ARN, dont le coronavirus à l'origine du SARS, apparu pour la première fois en Chine en 2002. Aux côtés de Stephen Cusack, dans le Laboratoire européen de biologie moléculaire de Grenoble, il développe un arsenal complet de stratégies pour élucider la structure tridimensionnelle de grands complexes protéiques. Il a ainsi déterminé la structure 3D de la polymérase ARN-dépendante du bunyavirus de La Crosse, responsable d'encéphalites humaines. Ses travaux actuels sur le virus du chikungunya dessinent l'espoir de nouveaux traitements.

  • 2004 Doctorat en virologie, Universidad Autonoma de Madrid (Espagne)

  • 2004 Post-doctorat dans le laboratoire de Luis Enjuanes, National Center of Biotechnology, National Center of Scientific Research, Madrid (Espagne)

  • 2005 Post-doctorat dans le laboratoire de Jose María Casasnovas, National Center of Biotechnology, National Center of Scientific Research, Madrid (Espagne)

  • 2009 Chercheur, laboratoire de Stephen Cusack, EMBL-CNRS International Unit of Virus Host-Cell Interactions (UVHCI), Grenoble

  • 2015 Lauréat du programme ATIP-Avenir avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller

Dotation du programme ATIP-Avenir

Depuis 2005, la Fondation Bettencourt Schueller est partenaire du programme Avenir de l’Inserm. En 2009, le programme Avenir a fusionné avec le programme ATIP de l’INSB du CNRS. La Fondation soutient depuis le programme ATIP-Avenir qui favorise le retour ou l’installation en France de jeunes chercheurs de très haut niveau, porteurs d’un projet de recherche de qualité exceptionnelle, et désireux de créer leur propre équipe.

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