Christophe Grangeasse De nouvelles cibles contre la virulence bactérienne
Christophe Grangeasse, directeur de recherche au CNRS, chef de l'équipe Bactéries pathogènes et phosphorylation des protéines à l'Institut de biologie et de chimie des protéines à Lyon
- 2015 • Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française 2015 a récompensé Christophe Grangeasse, directeur de recherche au CNRS, pour ses travaux sur la virulence des cellules bactériennes.
Mieux comprendre la virulence et le développement de la bactérie Streptococcus pneumoniae
Dans l’unité de recherche « Bases Moléculaires et Structurales des Systèmes Infectieux » du CNRS et de l’Université Claude Bernard à Lyon, Christophe Grangeasse explore les voies de signalisation cellulaire à l'origine de la virulence et du développement de la bactérie pathogène Streptococcus pneumoniae. Ses travaux constituent une réponse sérieuse à l'urgence sanitaire représentée par l'intensification des résistances aux antibiotiques. Nous sommes entrés dans une ère post-antibiotique dans laquelle des infections communes et des blessures bénignes qui ont été traitées durant des décennies provoquent à nouveau de sérieux problèmes de santé pouvant être mortels. Parmi les bactéries les plus inquiétantes, Streptococcus pneumoniae, une championne de la multi-résistances aux antibiotiques et d’échappement aux vaccins, emporte chaque année plus d'un million d'enfants de moins de cinq ans. C'est l'organisme modèle employé par le laboratoire de Christophe Grangeasse.
De nouvelles pistes pour combattre les pathogènes bactériens
Les travaux fondamentaux de l'équipe lyonnaise offrent une voie nouvelle dans la course à l'armement qui nous oppose aux pathogènes bactériens. Christophe Grangeasse a identifié et caractérisé la première tyrosine-kinase bactérienne (BYK), enzyme régulatrice de la synthèse de sucres complexes essentiels à la virulence des cellules bactériennes. L'équipe a également révélé que les BYK ne partagent pas de similarité structurelle avec les tyrosine-kinases de nos cellules. Plus récemment, ils ont également démontré qu’un autre type de kinase, des serine/threonine-kinase (STK), est un acteur majeur de la multiplication bactérienne. Ces dernières possèdent également des caractéristiques particulières les distinguant de nos serine/thréonine-kinases. Les BYK et STK sont ainsi d'excellentes cibles pour le design d'antibiotiques qui n'interféreront pas avec les mécanismes du corps à soigner.
Le soutien de la Fondation
Le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller va permettre de réaménager le laboratoire de l'équipe de Christophe Grangeasse, en créant deux pièces sécurisées qui faciliteront le travail avec le pathogène Streptococcus pneumoniae et en construisant sur mesure un microscope dédié à son observation. L'agrandissement des bureaux va également permettre de relancer le recrutement dans le laboratoire, aujourd'hui limité par le manque de place.
Christophe Grangeasse en quelques mots
Lorsque Christophe Grangeasse, alors étudiant en thèse, démontre l'existence d'une tyrosine-kinase bactérienne, enzyme phosphorylant l'acide aminé tyrosine, la communauté scientifique croit à une exception anecdotique. L'ajout de groupes phosphates sur des tyrosine est en effet alors reconnu comme voie de signalisation uniquement chez les cellules à noyau. Convaincu de ses résultats, Christophe Grangeasse continue sur sa voie et contribue à dévoiler un système de régulation physiologique commun à la plupart des bactéries. La découverte, aujourd'hui reconnue comme une avancée majeure, ne s'arrête pas aux tyrosine-kinases : d'autres acides aminés, tels que la sérine et la thréonine, sont phosphorylés. D'inexistante, la phosphorylation des protéines sur ces acides aminés est devenue un mécanisme de régulation crucial de la cellule bactérienne. Récemment, l'équipe de Christophe Grangeasse a prouvé l'importance de la phosphorylation dans la division et la synthèse du principal facteur de virulence de la bactérie Streptococcus pneumoniae. Le pneumocoque est responsable de 15 millions d'infections sérieuses chaque année, dont un quart présentant au moins une résistance aux antibiotiques.
Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.
Tous les lauréats du prix