Paolo Sassone-Corsi s’est donné pour mission de comprendre les effets de la rotation terrestre et donc de l’alternance jour-nuit, sur les organismes vivants. Ses travaux ont permis de découvrir que chaque cellule bat le rythme d’une horloge biologique circadienne.

Horloge biologique et rythme circadien

Qu’est-ce qui n’a jamais changé sur Terre depuis l’apparition de la vie, il y a quelque 4 milliards d’années ?

L’inébranlable alternance jour-nuit, selon un cycle immuable de 24 heures. Tous les organismes vivants exposés à la lumière ont dû s’adapter à ce cycle et apprendre à vivre selon ce rythme.

Leur horloge interne suit un rythme dit « circadien » parce qu’il dure une journée. L’ensemble des processus biologiques évoluent ainsi selon ce cycle de 24 heures.

Que peut bien influencer ce rythme qui se retrouve aujourd'hui dans quasiment toutes nos cellules ? C’est l’énigme que tente de résoudre Paolo Sassone-Corsi.

Quand chaque cellule bat la mesure

Le modèle biologique classique postule une horloge interne unique située dans l’hypothalamus, et battant le rythme de la rotation quotidienne de la Terre autour du Soleil.

Pourtant, Paolo Sassone-Corsi démontre chez les poissons-zèbres, la présence d'horloges périphériques situées dans plusieurs cellules de l'organisme.

Il observe ensuite que des unités cellulaires, isolées in vitro, sont sensibles à la lumière et oscillent de façon circadienne, sans aucune consigne du cerveau. Il suffit d’exposer ces cultures cellulaires à la lumière, pour modifier artificiellement leur rythme biologique, jusqu’au point d'inverser le cycle jour-nuit.

De l’expression cyclique des gènes

Via le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant, la Fondation Bettencourt Schueller a souhaité encourager les recherches novatrices de Paolo Sassone-Corsi, sur les mécanismes moléculaires de contrôle des rythmes circadiens.

Parmi les processus de modulation de la réponse physiologique de la cellule selon les stimuli extérieurs, Paolo Sassone-Corsi et son équipe étudient plus particulièrement le rôle de la signalisation hormonale et de l’expression des gènes.

Ils établissent que l’expression du gène CREM, est régulée selon un rythme circadien. La découverte de cette expression génique cyclique, indique que les rythmes biologiques influencent la prolifération et la différenciation cellulaire.

Ces travaux ont ainsi été cruciaux pour la compréhension des conséquences du bouleversement des rythmes circadiens sur la santé et leur incidence dans des maladies telles que le cancer.

Paolo Sassone-Corsi en quelques mots

Dès son doctorat à l’Institut de génétique de l'Université de Naples, Paolo Sassone-Corsi s’intéresse à une question fondamentale : comment l’expression des gènes est-elle régulée ?

Entre 1979 et 1993, lors de son post-doctorat au sein du Laboratoire de Génétique moléculaire de Strasbourg, il contribue à élucider la régulation transcriptionnelle des gènes.

En 1993, il découvre par hasard dans la glande pinéale, un gène dont les niveaux d’expression oscillent rythmiquement. Il pense d’abord à une erreur – un post-doctorant observe de hauts niveaux d’expression alors qu’une technicienne du laboratoire n’observe rien. Il s’avère que le post-doctorant lance ses protocoles expérimentaux la nuit, alors que la technicienne le fait le matin.

Les rythmes circadiens et leur influence sur l’expression des gènes et sur le métabolisme, deviendront alors la cible de ses travaux pionniers, récompensés par de nombreuses distinctions telles que le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant.

  • 1979 Doctorat de génétique, Université de Naples (Italie)

  • 1979 ​Post-doctorat dans l’équipe du Docteur Pierre Chambon, laboratoire de Génétique moléculaire des eucaryotes, CNRS, Strasbourg

  • 1984 Chargé de recherche de 1re classe au CNRS, laboratoire de Génétique moléculaire des eucaryotes, CNRS, Strasbourg

  • 1990 Directeur de recherche de 2e classe au CNRS, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, Strasbourg

  • 1996 Directeur de recherche de 1re classe au CNRS, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, Strasbourg

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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