Tout en poursuivant une réflexion profonde sur la matière, l’œuvre Trois règnes du sculpteur sur verre Antoine Leperlier illustre la confrontation de la mémoire et du temps. Un vase d’une facture parfaite dont la contemplation prête à méditer.

L’artisan emprunte à la tradition et au rituel du reliquaire religieux pour composer Trois Règnes qui révèle ses inclusions délicates, révélées par transparence, et autres motifs qui nous semblent ésotériques. Ses sculptures de verre partent de formes vides travaillées en creux dans des blocs de verre. Par la suite, le verrier colore la pièce d’un rouge à l’or, d’une trace de bleu, d’un trait d’émeraude. La série dont fait partie cette oeuvre se concentre ainsi tant sur le processus, que la matière, la forme et le contenu de l’objet en verre.

Pour la réalisation de Trois règnes, Antoine Leperlier a eu recours au coulage et au moulage à cire perdue d’un verre optique massif, limpide comme du cristal avant cuisson et légèrement voilé à la sortie du four. La pâte de verre moulée à cire perdue est une technique complexe, proche de celle utilisée par les bronziers. Elle permet une liberté totale dans le dessin des modelés. Dans un moule réfractaire, la cire fondue laisse un espace entre le contre moule et le noyau. Disposé à froid au sommet de ce moule, le verre s'écoule dans ce creux au cours de la cuisson. Un élément figuratif et un fragment de texte apparaissent alors en relief dans la masse du verre.

​« En associant les formes vides, en creux dans des blocs de verre, à des reliefs modelés, j'ai cherché à mettre en évidence le rôle déterminant de la mémoire, dans notre perception du réel, c'est-à-dire ce perpétuel balancement entre le vécu présent et le vécu passé, ‹ vitrifié › dans la mémoire. »

Antoine Leperlier en quelques mots

C’est dans l’atelier de son grand-père, le verrier François Décorchemont, qu’Antoine Lepeltier s’est initié aux techniques rares du moulage de verre à la cire perdue, qu’il perfectionne et diffuse aujourd’hui. Diplômé par la suite d’un DEA en arts plastiques, nommé Maître d’art en 1994, il s’engage depuis de nombreuses années dans la rédaction de textes théoriques sur les matériaux dans l’art. Il nourrit ainsi sa création plastique, peuplée de références à l’histoire de l’art, de réflexions sur la confrontation de la mémoire et du temps. 

  • 1968 Initiation à la pâte de verre avec son père

  • 1972 DEA d’art plastique et de sciences de l’art (Sorbonne)

  • 1981 Lauréat de la Fondation de France

  • 1994 Nommé Maître d’art par le ministère de la Culture

  • 2001 ​Distingué par le prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main®

Récompense Talents d'exception du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main®

Elle récompense un artisan d'art pour la réalisation d'une œuvre résultant d'une parfaite maîtrise des techniques et savoir-faire d'un métier d'art. Celle-ci doit révéler un caractère innovant et esthétique mais aussi contribuer à l'évolution de ce savoir-faire.

  • Dotation : 50 000 euros
  • Accompagnement : jusqu’à 100 000 euros en fonction du projet de développement proposé.

 

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