Le Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs 2020 récompense Roman Chabanon, post-doctorant en cancérologie, pour ses recherches sur les thérapies anticancéreuses ciblant la réparation de l’ADN.

Défauts des voies de réparation de l’ADN et cellules cancéreuses

L’ADN est le support de notre information génétique. Son intégrité et sa stabilité sont essentielles au bon fonctionnement des cellules de notre corps. Tout au long de la vie, notre ADN est exposé à de nombreux facteurs susceptibles de l’endommager, et chaque cellule de notre organisme met constamment en place des mécanismes nécessaires à sa réparation, afin de préserver notre génome.

Dans le cancer, les gènes qui contrôlent la réparation de l’ADN sont défectueux ; l’ADN des cellules cancéreuses accumule alors un grand nombre de mutations qui favorisent souvent leur croissance. Mais ces défauts des voies de réparation de l’ADN rendent aussi les cellules cancéreuses vulnérables à certains médicaments, comme les inhibiteurs de PARP.

Ces thérapies ciblées bloquent l'un des mécanismes utilisés par les cellules tumorales pour réparer leur ADN, provoquant une accumulation de lésions de l'ADN qui finissent par déclencher la mort des cellules. Ce mécanisme d'action ciblé confère aux inhibiteurs de PARP la capacité de détruire de manière sélective les cellules cancéreuses qui présentent déjà une déficience de réparation de leur ADN, comme c’est le cas dans certains cancers du poumon, du sein ou de l’ovaire.

Inhibiteurs de PARP et stimulation du système immunitaire

Les recherches de Roman Chabanon ont révélé une deuxième propriété, jusque-là méconnue et non explorée des inhibiteurs de PARP : leur capacité à stimuler le système immunitaire. En effet, Roman Chabanon a démontré que les inhibiteurs de PARP peuvent stimuler le recrutement des cellules immunitaires au site tumoral, favorisant ainsi l’action du système immunitaire contre la tumeur. Ces propriétés importantes jouent un rôle clé dans le mécanisme anti-tumoral des inhibiteurs de PARP et ouvrent des perspectives nouvelles vis-à-vis de l'utilisation de ces thérapies ciblées en clinique, notamment en combinaison avec l'immunothérapie.

Pendant son post-doctorat, Roman Chabanon souhaite approfondir ses recherches sur les thérapies ciblant la réparation de l’ADN en utilisant de nouvelles techniques de génomique fonctionnelle. Son travail permettra de prolonger la survie des patients victimes de cancers agressifs, pour lesquels l’immunothérapie seule est parfois inefficace, comme c’est le cas dans certains cancers du poumon.

« Les médicaments inhibiteurs de PARP influencent les interactions que les cellules tumorales ont avec leur microenvironnement immunitaire. Cette notion change radicalement la perception que l'on a du potentiel anti-cancéreux de ces médicaments. » Roman Chabanon

Roman Chabanon en quelques mots

Roman Chabanon est ingénieur en génie biochimique et Docteur en sciences, spécialisé en cancérologie. C’est pendant ses études d’ingénieur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse qu’il commence à se passionner pour la biologie du cancer. Son intérêt scientifique est renforcé par un désir fort d’exercer un métier utile au plus grand nombre et porteur de sens. Il décide alors de réaliser un doctorat en cancérologie dans le cadre du Parcours d’Excellence en Cancérologie de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif.

Au cours de son doctorat, mené conjointement au centre de recherche de l’Institut Gustave Roussy et à l’Institute of Cancer Research à Londres, Roman Chabanon identifie un nouveau mécanisme capable de stimuler le système immunitaire à l’aide de thérapies anti-tumorales ciblées. Cette activation de l’immunité permet d’améliorer l’action des immunothérapies en favorisant l’infiltration de la tumeur par les cellules du système immunitaire ainsi que l’action anti-tumorale de ces-dernières.

Ses recherches ont conduit à la mise en place d’un essai clinique évaluant cette stratégie thérapeutique chez des patients atteints de cancer du poumon.

Prix Bettencourt pour les jeunes chercheurs

Créé en 1990, le Prix pour les jeunes chercheurs est l’une des premières initiatives de la Fondation Bettencourt Schueller. Jusqu'en 2021, ce prix était décerné chaque année à 14 jeunes docteurs en sciences ou docteurs en médecine, pour leur permettre de réaliser leur séjour post-doctoral dans les meilleurs laboratoires étrangers. 349 jeunes chercheurs ont été distingués. La dotation du prix était de 25 000 euros.

Tous les lauréats du prix