Et si le cytoplasme était plus intéressant qu’il n’y paraît ? Nicolas Minc et son équipe s’apprêtent à mettre à l’épreuve les propriétés physiques de ce fluide qui remplit toutes les cellules vivantes, afin de comprendre comment il influence des processus comme la division cellulaire et le développement embryonnaire. 

Les mystères de l'embryogenèse

La fécondation de l’œuf est au début de toute vie animale. Cette cellule unique se divise ensuite pour former un embryon composé de milliers de cellules, d’où émergeront les organes et les tissus. Ces premières divisions sont tout sauf aléatoires : elles suivent une chorégraphie tridimensionnelle spécifique que l’on appelle patron de clivage.

Nicolas Minc et son équipe cherchent à comprendre les mécanismes fondamentaux de l’organisation spatiale de ces divisions cellulaires. Ils étudient l’embryogenèse c’est-à-dire la manière dont les cellules de l’embryon se divisent, un processus commun à tous les animaux qu’il s’agisse des invertébrés ou de l’être humain, permettant ainsi de définir leurs formes, leur polarité et leur destin cellulaire.

 

  • Embryon d'oursin montrant l'ADN, les microtubules et l'actine.
    © Equipe Nicolas Minc / Institut Jacques Monod
  • Nicolas Minc dans son laboratoire à Paris, 2024.
    © Alexandre Darmon / Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Nicolas Minc à Paris, 2024.
    © Alexandre Darmon / Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Nicolas Minc à Paris, 2024.
    © Alexandre Darmon / Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Nicolas Minc à Paris, 2024.
    © Alexandre Darmon / Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

Le rôle du cytoplasme dans la division cellulaire 

Nicolas Minc utilise des méthodes innovantes d’imagerie, de mécano-biologie et de modélisation, en exploitant l’embryon d’oursin comme modèle, pour étudier les propriétés physiques du cytoplasme (la viscosité, l’élasticité ou la fluidification) et comprendre comment il s’écoule au sein d’une cellule. 

Le développement embryonnaire est un processus complexe et fascinant, qui commence par la division d’une seule cellule pour générer deux cellules identiques, puis 4, puis 8 jusqu’à générer un embryon composé de quelques centaines de cellules, puis un organisme entier. Ce processus nécessite de déplacer des objets situés dans le cytoplasme, tels que les différents organites (structures spécialisées et séparées du reste de la cellule par une membrane) et le squelette des cellules, de façon coordonnée et précise. 

L’équipe de Nicolas Minc a récemment démontré le rôle des propriétés physiques du cytoplasme dans le mouvement du fuseau mitotique, un système qui assure la bonne répartition des chromosomes dans les cellules lors de la division cellulaire. Actuellement, son équipe souhaite aborder des questions sur la manière dont les propriétés physiques du cytoplasme sont contrôlées dans l'espace et dans le temps pour réguler le développement embryonnaire.

Nicolas Minc | Impulscience 2024

Impulscience 

Le projet interdisciplinaire porté par Nicolas Minc et soutenu par Impulscience s'appuie sur les premières étapes du développement des embryons d'oursins, qui présentent l’avantage d’avoir de grandes cellules avec un vaste cytoplasme. Ce modèle permettra à l’équipe de Nicolas Minc d’étudier les propriétés du cytoplasme à plusieurs échelles (de la cellule unique à l’embryon), états cellulaires (cellules en division) et environnements (pressions et températures). 

En premier lieu, ils souhaitent comprendre comment la composition du cytoplasme définit ses propriétés physiques et lui permettent de s’adapter aux variations de température et de pression propres à l’environnement marin. Ils vont également évaluer les effets d’objets situés à l’intérieur, comme le squelette cellulaire et les organites, sur les propriétés physiques du cytoplasme afin de favoriser la division cellulaire. Enfin, ils étudieront l’importance des propriétés du cytoplasme pour mener à bien les premières étapes du développement embryonnaire. Ce projet apportera une compréhension physique sans précédent de la manière dont le cytoplasme est contrôlé pour réguler la division cellulaire et la formation des embryons.

Nicolas Minc en quelques mots

La double formation de Nicolas Minc en physique et en biologie lui offre un regard original sur les problèmes biologiques fondamentaux, comme la division cellulaire. Nicolas Minc a effectué son doctorat à l’Institut Curie à Paris, et a intégré le CNRS en 2011 après un séjour post-doctoral à l’Université Columbia de New York (Etats-Unis) entre 2006 et 2010. Depuis son installation à l’Institut Jacques Monod en 2013, ses projets de recherche couvrent des aspects très variés de la compréhension du vivant : il met au point des mesures de forces précises pour comprendre comment les organites trouvent leur place dans la cellule, tout en exploitant l’imagerie quantitative, la génétique et la modélisation physique. Il a également recours à des simulations numériques pour comprendre le développement précoce des embryons. Il a reçu plusieurs récompenses, comme la médaille de bronze du CNRS en 2018 et le prix Coups d’élan pour la recherche française de la Fondation Bettencourt Schueller en 2020.

© Romain Redler / Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • 2006-2010 Séjour post-doctoral à l’Université Columbia de New York (Etats-Unis)

  • 2011 Rejoint le CNRS

  • 2013 Installation à l'Institut Jacques Monod

  • 2020 Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française

  • 2024 Impulscience®

Programme Impulscience

Impulscience attribue chaque année 7 nouveaux soutiens à des chercheuses et chercheurs en sciences de la vie. Concentré sur le milieu de carrière, ce programme a pour objectif de soutenir cette étape cruciale pour le développement des projets de recherche. 

Tous les lauréats du prix

Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française

Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.

Tous les lauréats du prix