Lionel Navarro est un acteur majeur de la découverte du rôle des ARN interférents dans la réponse immunitaire innée. Ses recherches promettent d'identifier de nouveaux moyens de combattre les infections bactériennes, et de découvrir les mécanismes employés par les bactéries pour y échapper.
Réponse immunitaire innée et ARN interférents
Première ligne de défense contre les agents pathogènes, l'immunité innée permet une réponse immédiate dès la reconnaissance de motifs moléculaires étrangers. Elle implique une reprogrammation des fonctions cellulaires par des mécanismes épigénétiques, afin de recruter sur le site de l'infection, des cellules capables de la combattre.
Au cœur de cette réponse immunitaire innée, Lionel Navarro a pu identifier l'implication des ARN interférents. Contrairement à l’ARN messager, les ARN interférents ne servent pas à la fabrication de protéines mais régulent leur production, en modulant l'expression génétique post-transcritionnelle.
Deux types d'ARN interférents joueraient un rôle crucial dans la réponse immunitaire : les microARN, et les siARN.
Arabidopsis thaliana contre Pseudomonas syringae
Grâce à la dotation du programme ATIP-Avenir, soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, Lionel Navarro a pu constituer une équipe de recherche au sein de l’Institut de Biologie de l’École Normale Supérieure de Paris.
Cette équipe s’intéresse notamment au rôle des ARN interférents dans la réponse immunitaire d'une plante annuelle nommée Arabidopsis thaliana, confrontée à la bactérie phytopathogène Pseudomonas syringae.
Lionel Navarro étant parvenu à identifier chez Arabidopsis thaliana le premier microARN impliqué dans la défense antibactérienne, il s'agit pour les chercheurs de confirmer le rôle majeur de la voie microARN dans l’immunité innée, et de comprendre dans quelle mesure ce modèle immunitaire peut être transposé à l'homme.
Mécanismes de suppression de la voie microARN par les bactéries pathogènes
Les recherches de Lionel Navarro ont permis d'observer que plusieurs protéines sécrétées par la bactérie Pseudomonas syringae avaient la capacité de supprimer la voie microARN, et donc de contourner cette ligne de défense afin de pouvoir infecter les cellules-hôtes.
L'enjeu est de parvenir à identifier les mécanismes d’action de ces suppresseurs bactériens et de comprendre comment les plantes contrecarrent ce processus.
Le chercheur et son équipe étudient également une bactérie pathogène pour l'homme : Shigella flexneri. Leurs travaux promettent d'établir si les bactéries pathogènes de l’homme utilisent elles aussi des mécanismes de suppression de la voie microARN.
Lionel Navarro en quelques mots
Biologiste de formation, Lionel Navarro entreprend un doctorat en physiologie végétale, au sein du Laboratoire Sainsbury à Norwich. Il étudie les mécanismes de défense d'une plante qu'il conservera comme modèle : Arabidopsis thaliana. Il découvre alors le premier microARN impliqué dans la défense antibactérienne. Sa thèse sera récompensée en 2007, par le Prix Irène Manton de la Société linnéenne de Londres. Post-doctorant à l'Institut de biologie moléculaire des plantes de Strasbourg, il contribue à mettre en évidence le rôle majeur de la voie microARN dans la résistance antibactérienne, et observe que des protéines bactériennes peuvent inhiber cette voie. En 2009, soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, il constitue son équipe de recherche au sein de l’Institut de Biologie de l’École normale supérieure de Paris. Il se donne alors pour mission de comprendre le rôle des ARN interférents dans la réponse immunitaire innée des plantes et de l’homme.
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2001 Doctorat en sciences, laboratoire du Dr Jonathan Jones, Sainsbury Laboratory, John Innes Centre, Norwich (Royaume-Uni)
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2005 Post-doctorat dans le laboratoire du Dr Olivier Voinnet, Institut de biologie moléculaire des plantes, Strasbourg
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2009 Lauréat du programme ATIP-Avenir du CNRS et de l’Inserm en partenariat avec la Fondation Bettencourt Schueller
Dotation du programme ATIP-Avenir
Depuis 2005, la Fondation Bettencourt Schueller est partenaire du programme Avenir de l’Inserm. En 2009, le programme Avenir a fusionné avec le programme ATIP de l’INSB du CNRS. La Fondation soutient depuis le programme ATIP-Avenir qui favorise le retour ou l’installation en France de jeunes chercheurs de très haut niveau, porteurs d’un projet de recherche de qualité exceptionnelle, et désireux de créer leur propre équipe.
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