Jean-Léon Maître Comprendre l'influence des forces mécaniques sur le développement des cellules embryonnaires
Jean-Léon Maître, chargé de recherche CNRS, Chef de l’équipe "Mécanique du développement des mammifères" à l’Institut Curie, Paris (France).
- 2021 • Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2021 récompense Jean-Léon Maître, chercheur en biologie du développement, pour ses recherches sur le trophectoderme.
Mesurer les forces qui donnent forme à la vie
Au cours du développement embryonnaire, les cellules utilisent les informations contenues dans leurs gènes pour former l'organisme. Cela conduit à une série d’événements au cours desquels les cellules se divisent, meurent, se déforment et se déplacent. Toute cette agitation fait que les cellules sont constamment soumises à des forces mécaniques, que Jean-Léon Maître mesure et étudie pour comprendre leur importance dans le devenir des cellules et de l’embryon.
Pour ce faire, Jean-Léon Maître et son équipe se penchent sur les premières étapes du développement de l’embryon de souris, avant même son implantation dans l’utérus maternel. Actuellement, ils s’intéressent au tout premier épithélium de l’embryon des mammifères, le trophectoderme. Cet épithélium, qui deviendra plus tard le placenta, entoure une poche de liquide appelée lumen, et un groupe de cellules qui généreront la totalité des tissus de l’embryon. Le trophectoderme s’étire au fur et à mesure que l’embryon grandit, ce qui déforme non seulement les cellules qui le composent mais aussi leurs noyaux, contenant toute l’information génétique.
Pour comprendre les mécanismes qui permettent à ces cellules de s’étirer et leur conséquences, Jean-Léon Maître va aborder trois questions :
- Comment les cellules du trophectoderme parviennent-elles à augmenter leur surface lors des étirements ?
- Comment le noyau des cellules peut-il s’aplatir et quelles sont les conséquences pour l’expression des gènes ?
- Comment l’étirement des cellules et la déformation des noyaux influent sur le devenir du trophectoderme et sur l’implantation de l’embryon dans l’utérus ?
Le soutien de la Fondation
Le Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française va permettre au laboratoire de s’équiper d’un système de pinces optiques afin de mesurer et de modifier les forces qui agissent sur les cellules dans la phase précoce du développement de l’embryon. Ce système consiste à manipuler de tout petits éléments comme des cellules ou des noyaux des cellules à l’aide d’un laser.
Ce dispositif, couplé à un puissant microscope équipé d’un système d’incubation nécessaire à la culture des embryons de mammifères, sera unique en France.
Jean-Léon Maître en quelques mots
Jean-Léon Maître est biologiste, spécialiste du développement embryonnaire. En Allemagne et en Autriche, où il effectue sa thèse entre 2007 et 2012, il contribue à la compréhension de l’organisation tridimensionnelle de l’embryon du poisson zèbre en utilisant la technique d’aspiration par micropipette pour mesurer l’adhésion entre cellules. Plus tard, pendant son post-doctorat à Heidelberg, il applique une technique similaire chez la souris pour révéler pour la première fois l’action des forces de contraction dans la position et le sort des cellules de l’embryon.
En 2016 il s’installe à Paris pour créer son équipe à l’Institut Curie. Depuis, il explore les forces mécaniques et leurs conséquences au stade précoce du développement embryonnaire chez les mammifères. Ses recherches reposent sur une étroite collaboration avec des mathématiciens et des physiciens, sur des techniques de microscopie sophistiquées, et sur des outils de précision permettant de mesurer des forces extrêmement faibles à nos yeux mais déterminantes pour le développement des embryons.
Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.
Tous les lauréats du prix