Pourrait-on tout simplement demander au corps de lutter contre le cancer ? L'idée n'est pas si improbable. À Londres, Caetano Reis e Sousa étudie la réponse immunitaire adaptative. Il travaille notamment sur les moyens de la manipuler pour qu’elle combatte les cancers.

Les cellules dendritiques, « négociatrices » de l'immunité

Les cellules dendritiques sont des éléments clefs du système immunitaire. Elles peuvent éteindre ou amplifier l’immunité en présentant des antigènes, particules d’intrus phagocytés, aux lymphocytes. Les lymphocytes ont ensuite pour rôle de détruire les cellules infectées. Les antigènes, selon les signaux secondaires auxquels ils sont associés, déclencheront une réponse immunitaire adaptative ou amèneront au contraire la tolérance du système.

Les cellules dendritiques jouent notamment un rôle central dans l’apparition de maladies auto-immunes et dans le développement des cancers. En effet, ces derniers bénéficient généralement de la tolérance du système immunitaire. C'est l'un des éléments qui les rend si difficiles à traiter.

Décrypter le comportement des cellules dendritiques

Comment les cellules dendritiques déterminent-elles les signaux qu’elles associent aux antigènes ? Les recherches de Caetano Reis e Sousa pourraient bien être en passe de répondre à cette question. Il faut dire que le chercheur côtoie ces cellules de près depuis de nombreuses années. Il s'est notamment intéressé au fonctionnement intime du traitement des antigènes par les cellules dendritiques. Il dissèque ainsi les voies de signalisations qui contrôlent les différentes fonctions des cellules dendritiques. Depuis la création de son propre laboratoire, il a déjà décrit plusieurs voies d’activation de ces cellules clés du système immunitaire.

Le soutien de la fondation

Le projet soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller pourrait changer l'avenir des traitements contre le cancer. En aidant à comprendre ces mécanismes moléculaires, il donnera des clés pour activer ou inactiver les cellules dendritiques et en faire des armes thérapeutiques de choix. Récemment, l’équipe du Docteur Reis e Sousa a découvert à la surface des cellules dendritiques un récepteur spécifiquement dédié aux cellules mortes par nécrose. Ce récepteur pourrait permettre de manipuler la réponse immunitaire pour empêcher la réaction inflammatoire ou provoquer le rejet de tumeurs.

Caetano Reis e Sousa en quelques mots

Caetano Reis e Sousa rencontre les cellules dendritiques pour la première fois lors de sa thèse de sciences. Ces cellules sentinelles sont alors connues pour leur capacité à initier la réponse immunitaire adaptative, mais la communauté scientifique les croit incapables de phagocyter des antigènes. Il mène ses recherches sur des cellules dendritiques trouvées dans la peau. Il démontre alors qu’elles sont bel et bien capables de phagocyter des particules microbiennes.

Au cours de son post-doctorat auprès de Ron Germain, au NIH, puis au sein de son propre laboratoire, il n'a cessé d'approfondir son sujet de prédilection. La découverte avec son équipe d’un marqueur des cellules dendritiques adeptes de la présentation croisée des antigènes laisse espérer un développement prochain de thérapies basées sur ces cellules.

  • 1992 Doctorat en immunologie, Oxford University (Royaume Uni)

  • 1993 Post-doctorat au National Institute of Allergology and Infectious Disease, National Institutes of Health, Bethesda (États-Unis)

  • 1998 Directeur du laboratoire d’immunologie, Cancer Research UK, Londres (Royaume-Uni)

  • 2008 Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant

Le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant récompense chaque année un chercheur de moins de 45 ans pour l’excellence de ses travaux et sa contribution remarquable à son domaine de recherche scientifique. Ce prix est attribué selon les années à un chercheur établi en France ou travaillant dans un autre pays d'Europe. Vingt-sept lauréats ont été récompensés depuis 1997. A partir de 2023, la dotation de ce prix récompense personnellement le lauréat à hauteur de 100 000 euros.

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