Anja Böckmann Décrypter la structure des virus émergents pour mieux les combattre
Cheffe de l'équipe « RMN du solide des Protéines » dans l'unité de recherche « Microbiologie Moléculaire et Biochimie Structurale », à l’Institut de Biologie et Chimie des Protéines à Lyon
- 2024 • Impulscience
Afin de mieux prévenir et contrôler les maladies infectieuses émergentes, Anja Böckmann et son équipe vont mettre à contribution leur expertise en résonance magnétique nucléaire. Cette technique leur permettra de déchiffrer les changements dans la structure de deux protéines clés de l’infection, et d’identifier ainsi les faiblesses des virus émergents.
Bienvenue chez les Bunyavirales
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance de générer des connaissances permettant de lutter contre les maladies émergentes. L’ordre des Bunyavirales englobe plus de 450 espèces de virus, dont plusieurs sont listées par l’Organisation mondiale de la Santé comme causes possibles de futures pandémies. Pour mieux comprendre ce groupe de virus, Anja Böckmann et son équipe vont apporter leur contribution du point de vue de la biologie structurale. Avec le soutien d’Impulscience®, ils mettront en place un programme de recherche pour déchiffrer la structure de deux éléments clés pour l’infection par des virus de l’ordre des Bunyavirales : les protéines NSm et NSs. Ces deux protéines sont considérées comme des facteurs de virulence car elles aident les virus à coloniser l'hôte. Ainsi, dans certains de ces virus, la protéine de type membranaire NSm, contribue à l'assemblage des particules virales, tandis que la protéine de type fibrillaire NSs interfère avec la réponse immunitaire de l'hôte. Toutes deux représentent des cibles de choix pour de futures stratégies anti-virales.
La virulence sous le prisme de la résonance magnétique nucléaire
Anja Böckmann et son équipe développent depuis de nombreuses années des méthodes de biologie structurale, notamment la résonance magnétique nucléaire (RMN) des solides. Cette technique permet d'obtenir un aperçu à résolution atomique des détails structurels et dynamiques de solides, comme les protéines membranaires et fibrillaires.
Ainsi, le projet porté par Anja Böckmann prévoit de déchiffrer la structure, encore inconnue, des protéines NSm et NSs grâce à la RMN. Afin de se rapprocher le plus possible de l’environnement réel de ces protéines, la chercheuse prévoit également d’observer comment les structures évoluent lors d’interactions avec d’autres protéines importantes pour l’infection.
Les défis à venir
Le rêve d’Anja Böckmann et de son équipe est d’étudier les protéines NSm et NSs dans leur milieu naturel, c’est-à-dire dans des cellules. Cette approche originale qui n’a jamais été réalisée auparavant, nécessite de combiner des méthodes biochimiques innovantes avec des techniques RMN qui augmentent la sensibilité. Impulscience leur permettra de mobiliser des ressources humaines et matérielles supplémentaires pour y parvenir. Ces travaux serviront de modèle pour étudier par RMN la structure d’autres protéines dans leur contexte cellulaire, ce qui est essentiel pour comprendre leur fonction et pour, in fine, développer des stratégies pour mieux prévenir et contrôler les maladies infectieuses émergentes.
Anja Böckmann en quelques mots
Après ses études à Berlin (Allemagne), Anja Böckmann a obtenu son doctorat en 1996 à l’Institut de Chimie des Substances Naturelles à Gif-sur-Yvette. Elle rejoint le CNRS en 1998, après un séjour post-doctoral à l’Université Columbia de New York (États-Unis). Depuis, elle travaille dans l'unité de recherche « Microbiologie Moléculaire et Biochimie Strutcurale » à Lyon, où elle dirige actuellement l’équipe « RMN du solide des Protéines ».
Spécialiste de la RMN des solides, elle a développé au cours des années une expertise dans une méthode de production de protéines « sans cellules ». Ces approches ont permis à son équipe de produire des avancées importantes dans l’élucidation de la structure de différentes protéines, comme celles qui forment des agrégats dans les maladies neurodégénératives ou encore les protéines virales. Son parcours scientifique a été récompensé par la médaille de bronze du CNRS en 2007 et par le Prix Pierre Desnuelle de l’Académie des Sciences en 2014.
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1996 Doctorat à l’Institut de Chimie des Substances Naturelles à Gif-sur-Yvette.
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1998 Rejoint le CNRS
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2007 Médaille de bronze du CNRS
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2014 Prix Pierre Desnuelle de l’Académie des Sciences
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2024 Impulscience®
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