Au cœur du chantier de Notre-Dame avec les artisans Dans l'aventure de la restauration en images
Doreurs, sculpteurs, tailleurs de pierres ou ferronniers d’art… Ces artisans ont accepté de raconter l’aventure de la restauration de Notre-Dame de Paris, dévoilant gestes et savoir-faire dans le secret de leur atelier ou au cœur même de la cathédrale.
Mécène de la restauration de Notre-Dame de Paris, la Fondation a souhaité mettre en avant l'engagement et les savoir-faire des artisans d'art qui ont contribué à la renaissance de la cathédrale à travers une série de vidéos, réalisée en collaboration avec l'établissement public Rebâtir Notre-Dame, Studio 77 et la journaliste Sylvie Adigard.
Les opérations préalables à la restauration
Doreur ornemaniste
Doreur ornemaniste depuis 43 ans, Stéphane Roussel a restauré les quatre anges de l'oculus de Notre-Dame, détruits lors de l'effondrement de la flèche. Avant de débuter cette réalisation, il a pris le temps d’observer chaque détail, retrouvant les savoir-faire historiques pour reproduire, à l’identique, les techniques de dorure à la feuille d’or qui ont redonné à ces œuvres tout leur éclat.
Fondeur de cloches
Paul Bergamo, Nolwenn Lemasson et Pauline Desfaudais sont fondeurs de cloches. Tous les trois travaillent au sein de la fonderie Cornille Havard, située à Villedieu-les-Poëles, dans la Manche. Déjà missionnée pour la création des cloches de la tour Nord en 2012, cette entreprise a été en charge de la restauration de huit d’entre elles, notamment celles baptisées Marcel et Gabriel, largement détériorées par les flammes à 600°.
Ébéniste
Luis Pères, apprenti ébéniste, et Kalamaridis Vasileios, ébéniste-restaurateur, ont tous deux travaillé sur les stalles Nord et Sud de la Cathédrale. Constituées d’une vingtaine de tableaux sculptés retraçant la vie de la Vierge Marie, ces stalles ont été largement touchées par l’incendie : certains éléments ont été brulés, décollés, dispersés. Ces artisans ont consacré plusieurs mois à retrouver la juste place de chacun, avant de procéder à la restauration de la structure, des couleurs et de leur harmonisation.
Couvreur
Adrien Beaugendre est couvreur. Il a participé à la reconstruction de la toiture en plomb du monument, intervention moins spectaculaire mais toute aussi importante que celle des charpentiers. En lutte permanente contre le vent, Adrien Beaugendre et son équipe ont parachevé la toiture de la nef et du chœur de la cathédrale, travaillant à la fois l’esthétique et l’étanchéité du bâtiment. Véritable prouesse, l’ensemble de la toiture a été façonnée à la main, sans aucune soudure.
Charpentier
Rémy Desmonts, charpentier et Lou Karoui, apprentie charpentière sont spécialisés dans la rénovation de monuments historiques. Ils ont restauré la charpente de la nef, cette forêt de chênes qui s’est effondrée lors de l’incendie. Pour relever ce défi, quelque 1 200 chênes ont été sélectionnés dans les forêts françaises, travaillés ensuite avec un savoir-faire exceptionnel (travail sur le bois vert, équarrissage manuel à la hache…).
Sculpteur
Pascal Larsonneur, Danaé Leblond et Davide Vanzo sont sculpteurs. Tous les trois travaillaient depuis plusieurs années à la restauration de 2 300 éléments sculptés de la cathédrale. Lors de l’incendie du 15 avril 2019, le brasier a endommagé une partie des pierres. Ils s’attachent depuis à redonner vie à ces œuvres, à l’image des imposantes gargouilles qui participent à la renommée mondiale de Notre-Dame.
Rentrayeur en tapis
En charge de la restauration des tapis au Mobilier national, Fabienne Wadoux et Catherine Colasse se sont attelées durant plusieurs mois à redonner vie à celui du chœur de la cathédrale, long de 25 mètres et d’une extraordinaire densité, 12 nœuds au centimètre carré. Le tout avec quelques découvertes, comme celle de symboles de l’ancien régime (un sceptre, des fleurs de lys) cachés par des laines après la révolution, et réapparus au fil de cette restauration.
Tailleur de pierres
Arnaud Morançais et Michel Mossad sont tailleurs de pierres. L'un depuis 20 ans, l'autre est jeune apprenti. Tous deux ont œuvré à la restauration des pierres de Notre-Dame, reprenant à l’identique les méthodes de construction de l’époque. Ils ont, pour cela, multiplié les recherches afin de retrouver le détail de fabrication d’un mortier, l’usage d’outils et de techniques historiques…
Restaurateur de peintures murales
Maud Pouliot et Marc Philippe sont restaurateurs d'œuvres peintes. Ils ont pris part à la restauration de la clôture du chœur sur un échafaudage de 1 200 tonnes, installé à l’intérieur de la cathédrale et culminant à 30 mètres de hauteur. Leur travail a stabilisé l’ensemble des œuvres peintes avant de redonner vie aux couleurs vives choisies par Viollet-le-Duc, notamment la célèbre scène du Massacre des Innocents.
Ferronnier d'art
Xavier Puybaraud est ferronier d'art depuis plus de 40 ans, tandis que Mathieu Pachet est Compagnon du Devoir depuis deux années seulement. Ensemble, ils ont contribué à la restauration des ferronneries d’art, omniprésentes dans la cathédrale. Ils ont notamment travaillé à la remise en état des garde-corps dans leur atelier, forgeant à la main une volute ou redonnant l’éclat d’une patine, avant l’étape de la repose dans les tribunes de Notre-Dame.
Restaurateur de vitrail
Flavie Serrière et Vincent-Petit est maître verrier et restauratrice de vitrail. Avec Iris Serrière, son assistante, elles ont redonné leur éclat aux vitraux en effaçant les traces de l’incendie mais aussi celles de la suie qui s’était déposée depuis la dernière restauration, il y a plus de 100 ans. Dans le plus grand respect du travail des artistes, elles se sont appliquées à rendre leur lisibilité à une part des 2 500 m2 de vitraux de la cathédrale, s’attachant à ceux datant du XIXe siècle, époque de l’intervention de Viollet-le-Duc.
Facteur d'orgues
Gérée depuis 1998 par le facteur d’orgues et harmoniste Charles Sarelot, La Manufacture Languedocienne des Grands Orgues a été chargée de la restauration des 19 sommiers du grand orgue de la cathédrale. Ces pièces maitresses distribuent l’air sous pression aux tuyaux sonores selon les touches actionnées et les registres sélectionnés par l’organiste. Avec la reconstruction de la nef, de la flèche et de la charpente, la restauration du plus grand orgue de France constitue une opération majeure dans la renaissance de la cathédrale.
Dinandier
Olivier Baumgartner est chaudronnier et dinandier. Au cœur du chantier, sa mission a consisté à restaurer les parties en cuivre des statues et à en créer de nouvelles lorsqu’elles étaient trop détériorées, reproduisant à l’identique les gestes et pratiques de l’époque. Une fois les armatures réincarcérées, les statues ont été refermées et envoyées à la patine.
Restaurateur de peintures
Isabelle Chochod et Sidonie Dewambrechies sont conservatrices et restauratrices de peintures. Elles ont restauré 8 des 22 tableaux présents dans la cathédrale Notre-Dame, notamment les « Mays », ces tableaux commandés par la corporation des orfèvres et réalisés de 1630 à 1707. Au passage de leurs pinceaux sont réapparus, comme par magie, les couleurs et les détails de ces chefs d’œuvre de la peinture française.
Serrurier d'art
Malo Spieler est serrurier d’art. Ce jeune compagnon, qui accomplit son tour de France, a contribué à la restauration de la structure interne des statues, dont beaucoup ont été détériorées durant l’incendie. Il a ainsi procédé à la création de nombreuses pièces, reproduisant à l’identique techniques et savoir-faire historiques.
Restaurateur de sculptures
Nathalie Pruha est restauratrice de sculptures, elle a participé à redonner vie à la statuaire qui décore la chapelle Saint-Marcel. Elle a notamment travaillé sur le grand Mausolée du Cardinal Belloy et le gisant de Quélen, stoppant leur dégradation et œuvrant à redonner aux œuvres leur esthétique et leur lisibilité.