Dans le cadre du programme « Olympiades culturelles » lancé à l’occasion des Jeux de Paris 2024, de nombreux ensembles mettent en lumière le lien entre sport et musique en imaginant des ateliers et spectacles tout au long de l’été. La preuve avec le chœur EVE et Les Concerts de Poche, tous deux soutenus par la Fondation Bettencourt Schueller.
« Allier l’art et le sport, le muscle et l’esprit », comme le disait Pierre de Coubertin, est l’un des grands objectifs de l’olympisme. C’est pour permettre ce dialogue que Paris 2024 a mis en place les Olympiades culturelles, programme artistique et culturel interdisciplinaire qui se déploiera jusqu’au 8 septembre 2024. Sur tout le territoire de métropole et d’outre-mer, artistes, compagnies et associations se sont réunis pour imaginer une programmation sous la forme d’une grande fête populaire. En tout, plusieurs centaines d’événements – la plupart gratuits – sont ainsi proposés à tous ; au croisement de l’art, du sport et des valeurs de l’olympisme.
Avec le Grand chœur rythmique du projet EVE, l’alliance de la voix, du corps et de l’émotion
Ils sont plus de 450 choristes sur scène, pas même impressionnés par l’imposante Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, tous fébriles à l’idée d’emplir l’espace de leurs premiers sons. Sous la direction de musiciens de la Philharmonie, les chanteurs dévoilent durant une heure un répertoire aussi vaste qu’exigeant, d’Hildegarde Von Bingen à l’américaine Meredith Monk, de Rameau aux chants traditionnels italiens. Au fil du spectacle, les choristes se feront tour à tour danseurs ou musiciens, comme dans Baiana, pièce brésilienne qui met en avant les percussions corporelles ou encore dans Liu Pisan, composition choregraphiée du maître indonésien Made Watdana. Programmé le 29 juin dernier, ce spectacle fait partie des quelque 20 événements proposés par la Philharmonie de Paris dans le cadre des Olympiades culturelles.
Autant d’objectifs poursuivis tout au long de l’année par le projet EVE, lancé en 2018 par la Philharmonie de Paris en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et largement soutenu par la Fondation. Sa mission ? Offrir aux jeunes une approche innovante de la musique, qui participe à leur bien-être et à leur développement. Déployé d’abord dans deux écoles primaires, en REP+ de La Courneuve et de Paris, le projet s’étend depuis 2022 à 11 collèges d’Île-de-France et trois en région. Les élèves bénéficient d’un apprentissage du chant à raison de deux heures par semaine dans les classes, doublé de répétitions à la Philharmonie ; le tout misant sur les pédagogies les plus innovantes. Les ateliers sont encadrés par des chefs de chœur et des spécialistes de la rythmique Dalcroze qui s’appuie sur l’intelligence corporelle pour intégrer le geste musical, laissant le corps écouter puis reproduire le son. Cette approche se double des principes de la technique Alexander qui travaille sur la posture du corps, la prise de conscience de sa position et de son mouvement. Dernière innovation, la présence de musicothérapeutes qui aident les élèves à sortir d’éventuelles situations de blocage (difficiles pour certains d’oser chanter) et à intégrer les émotions ressenties pour les transformer un geste artistique. On le devine, tous progressent sur le plan du chant mais l’expérience dépasse ce strict cadre.
L’été très sportif des Concerts de Poche
Dans cet esprit, Les Concerts de Poche organise 56 événements musicaux labellisés, dans toute la France, depuis le printemps. Avec son propre orchestre et quelque 400 choristes, 6 projets programment le Boléro de Ravel magnifié par la danseuse Orianne Vilmer, la Danse Macabre de Saint-Saëns en version dansée et chantée, une œuvre commandée au compositeur David Walter sur laquelle jouent et dansent également les choristes, ou encore le concerto de Ravel avec le pianiste Thomas Enhco. Le tout évoluant de salles des fêtes en gymnases ou théâtres, de Redon en Bretagne aux Chapelles-Bourbons et Moissy-Cramayel en Île-de-France, en passant par Liévin dans le Pas-de-Calais, Belmont-sur-Rance en Aveyron et Romans-sur-Isère dans la Drôme. En amont des concerts, différents ateliers sont proposés : percussions, écriture, chant, lutherie et danse ; au sein desquels les participants, guidés par une chorégraphe, préparent les premières parties des spectacles.
Gratuits, ces ateliers fondés sur la créativité et l’improvisation témoignent de l’esprit de l’association qui, depuis 2005, entend démocratiser la musique en retissant le lien social entre les habitants à partir de projets autour d’œuvres classiques, lyriques et jazz. Le projet se déploie chaque année dans les territoires éloignés autour de deux axes.
D’une part, plus de 2 500 ateliers sont proposés chaque année dans les écoles, les établissements de santé ou les foyers ruraux, mettant les participants en situation de création afin d’inventer une dramaturgie, une sonate ou un chant ; le tout encadré par des musiciens professionnels, des comédiens, des chefs de chœur, des pianistes accompagnateurs… Plus d’une centaine de concerts sont d’autre part programmés avec des artistes prestigieux qui, en première partie, accompagnent et partagent la scène avec les habitants ; avant de faire découvrir, en seconde partie, les plus grandes œuvres du répertoire. Autant d’événements qui séduisent chaque année un public grandissant, contribuent à donner accès à l’art sur tout le territoire français et à bâtir une vraie culture citoyenne.