Vincent Galy Comprendre comment l’embryon élimine les mitochondries paternels pour améliorer les techniques de procréation médicalement assistée
Vincent Galy, Chargé de recherche CNRS 1re classe, chef de l'équipe "C. elegans Hérédité et développement", à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris)
- 2012 • Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2012 récompense Vincent Galy, chercheur en biologie, pour ses recherches sur le développement de l'embryon.
Détruire pour créer la vie
Des chercheurs de l’équipe de Vincent Galy étudient les mécanismes employés par l’embryon pour conserver uniquement les organites cellulaires transmises par sa mère.
Chez la plupart des animaux, la mère transmet – en plus de la moitié de son génome – ses mitochondries, petites machines servant à la respiration de la cellule. Ces organites qui travaillent au sein des cellules possèdent leurs propres chromosomes, et l’on peut ainsi retracer des lignées de femmes sur des centaines de milliers d’années en analysant l’ADN mitochondrial. Les hommes, eux, ne transmettent pas les mitochondries qu’ils ont reçues de leur propre mère. En effet, si lors de la fécondation, le spermatozoïde déverse l’intégralité de son contenu dans l’ovocyte, l’équipe de Vincent Galy a démontré que les mitochondries paternelles ainsi transférées sont détruites en l’espace de quelques minutes.
Le soutien de la Fondation
Les chercheurs veulent à présent élucider le mécanisme qui permet à la cellule de marquer les mitochondries paternelles pour les dégrader spécifiquement. Le Coup d’élan pour la recherche française apporté en 2012 leur a permis d’accroître la surface de leur laboratoire, d’améliorer leur équipement d’imagerie et de dédier des espaces de culture spécifiques à leur organisme modèle, le minuscule vers nématode C. elegans.
À terme, l’équipe espère pouvoir cibler spécifiquement les mitochondries paternelles pour les maintenir tout au long du développement de l’embryon. Il sera ainsi possible d’évaluer les risques et les limites de certaines techniques de procréation médicalement assistée et d’améliorer l'efficacité de certaines approches de clonage animal.
Vincent Galy en quelques mots
Dès son doctorat, Vincent Galy fait une découverte majeure : il amène une explication pour le rôle de l’architecture du noyau de la cellule dans la régulation des gènes. Les pores nucléaires, trous actifs qui permettent notamment de faire sortir l’ARN de la cellule, influent sur la forme de l’ADN au sein du noyau, et donc sur l’expression de certains gènes. Lors de son post-doctorat, Vincent Galy étend cette exploration au-delà de l’unique régulation des gènes. Il s’intéresse alors à l’impact de l’architecture nucléaire sur le développement de l’embryon et apprend à maîtriser un organisme modèle de choix, le vers nématode.
Depuis la création de sa propre équipe, Vincent Galy guide ses étudiants et chercheurs vers d’importantes découvertes dans la même veine. Sa doctorante Sara Al Rawi a ainsi reçu en 2012 le prix Axa de l’Académie des Sciences Grandes avancées françaises en biologie présentées par leurs auteurs pour son travail sur la dégradation des mitochondries paternelles.
Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.
Tous les lauréats du prix