Les microtubules, qui font partie du squelette des cellules, sont nécessaires à la croissance et à la stabilité des neurones, et contribuent à dicter la forme de ces cellules. En étudiant les éléments nécessaires à la formation des microtubules, Paul Conduit et son équipe souhaitent savoir comment le contrôle de la formation de ces structures contribue à façonner différents types de neurones et à résister à la dégradation neuronale en cas de stress cellulaire.

Les neurones se présentent sous une grande variété de formes

Les microtubules s'assemblent en réseaux complexes, spécifiques à la forme et à la fonction d'une cellule. La plupart des neurones forment des prolongements appelés neurites, qui leur permettent de recevoir et de transmettre des informations, et qui peuvent varier en longueur et en complexité. Les microtubules s'étendent à travers les neurites, fournissant des forces mécaniques pour leur croissance et un moyen de transporter de matériel dans tout le neurone. Paul Conduit s'intéresse particulièrement aux mécanismes moléculaires qui permettent la formation des microtubules et souhaite savoir si une régulation différentielle de ce processus peut contribuer aux variations de la forme des neurones.

  • Cette image est issue des travaux de recherches de l'équipe de Paul Conduit.
    © Conduit Lab / Institut Jacques Monod
  • Paul Conduit dans son laboratoire, Paris, 2023.
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Paul Conduit, Paris, 2023.
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Paul Conduit et un membre de son équipe, Paris, 2023.
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Paul Conduit, Paris, 2023.
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • Dans le laboratoire de Paul Conduit, Paris, 2023.
    © Alexandre Darmon/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller

Nucléation : là où tout commence

La formation des microtubules ne se produit pas par hasard, elle doit être contrôlée dans l’espace et dans le temps. Pour cela, des groupes de protéines appelés complexes d’anneaux de tubuline γ (γ-TuRC) sont recrutés à des endroits spécifiques de la cellule où ils déclenchent la formation des microtubules, ce qu’on appelle la nucléation. Dans son laboratoire à l'Institut Jacques Monod à Paris, Paul Conduit s'intéresse à la manière dont ce processus est régulé afin que les cellules puissent former leurs réseaux complexes de microtubules. Comment la régulation des γ-TuRC varie-t-elle dans différents types de neurones, au cours du développement animal et en réponse au stress cellulaire ? 

Ces questions peuvent être abordées à l’aide d’un système élégant : une famille de neurones innervant la peau de la mouche drosophile, dont la forme très variée est spécifique à leur fonction. L’avantage de ces neurones est qu’ils peuvent être manipulés génétiquement, et qu’ils peuvent être facilement visualisées dans la mouche à l’aide d’un microscope.

Paul Conduit | Impulscience 2023

Suivre la nucléation pour comprendre la diversité des formes des neurones

L'équipe de Paul Conduit a développé des méthodes pour visualiser les γ-TuRC et suivre la nucléation des microtubules dans les neurones de drosophile en temps réel. Cela leur permettra de révéler comment ce phénomène est régulé dans différents types de neurones tout au long du développement. Les sites de nucléation se forment-ils au même endroit dans les neurones très ramifiés et dans les neurones peu ramifiés ? Les γ-TuRC agissent-ils toujours avec les mêmes partenaires ? Les γ-TuRC sont-ils nécessaires dans les neurones adultes, une fois les réseaux de microtubules établis ? 

En cas de stress, comme la section d'un des neurites, la nucléation augmente pour protéger le neurone et cela dépend des γ-TuRC. Mais comment les γ-TuRC sont-ils régulés pour médier cette réponse ? Est-il possible de les utiliser pour protéger les neurones de la dégénérescence ? 

Ce projet soutenu par Impulscience® vise donc à révéler de nouveaux concepts sur la façon dont les neurones régulent leur développement, concepts transposables à d'autres types de cellules et à d'autres organismes. De plus, les résultats obtenus pourraient contribuer à révéler des moyens de résister à la neurodégénérescence en cas de stress, ou suggérer des perspectives d’utilisation des γ-TuRC comme cible de traitements anticancéreux, qui pourraient être moins toxiques pour les neurones que les médicaments actuels ciblant les microtubules.

Paul Conduit en quelques mots

Après des études de biologie à l'Université de Birmingham (Royaume-Uni), Paul Conduit se consacre à l'étude de l'organisation des microtubules issus des centrosomes, qui jouent un rôle essentiel dans la division des cellules. Il rejoint d’abord le laboratoire du Docteur John Kilmartin au Laboratoire de Biologie Moléculaire du Medical Research Council à Cambridge. Il a ensuite étudié la formation des centrosomes pendant son doctorat dans le laboratoire de Jordan Raff au Gurdon Institute de Cambridge. 

Durant son séjour postdoctoral à l’Université d’Oxford, il a étudié de près les mécanismes moléculaires de la formation des centrosomes. En 2015, il crée son équipe au département de zoologie de l’Université de Cambridge où il commence à étudier la formation et l’organisation des microtubules en dehors des centrosomes, notamment dans les neurones. En 2020, Paul Conduit installe son équipe à l'Institut Jacques Monod à Paris.

Portrait de Paul Conduit, lauréat d'Impulscience 2023. © Romain Redler/Art in Research pour la Fondation Bettencourt Schueller
  • 2010 Doctorat en biologie, Université de Cambridge (Royaume-Uni)

  • 2010 Post-doctorat à la Sir William Dunn School of Pathology, Université d’Oxford (Royaume-Uni)

  • 2015 Welcome Trust and Royal Society Sir Henry Dale Fellow, Université de Cambridge (Royaume-Uni)

  • 2020 Chargé de recherche au CNRS, Institut Jacques Monod, Paris

  • 2020 Dotation du programme ATIP-Avenir, Fondation Bettencourt Schueller

  • 2023 Lauréat du programme Impulscience, Fondation Bettencourt Schueller

Dotation du programme ATIP-Avenir

Depuis 2005, la Fondation Bettencourt Schueller est partenaire du programme Avenir de l’Inserm. En 2009, le programme Avenir a fusionné avec le programme ATIP de l’INSB du CNRS. La Fondation soutient depuis le programme ATIP-Avenir qui favorise le retour ou l’installation en France de jeunes chercheurs de très haut niveau, porteurs d’un projet de recherche de qualité exceptionnelle, et désireux de créer leur propre équipe.

Tous les lauréats du prix

Programme Impulscience

Impulscience attribue chaque année 7 nouveaux soutiens à des chercheuses et chercheurs en sciences de la vie. Concentré sur le milieu de carrière, ce programme a pour objectif de soutenir cette étape cruciale pour le développement des projets de recherche. 

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