Patrick Lemaire Étudier les ascidies pour élucider les mystères de l'évolution des génomes et des morphologies
Patrick Lemaire, responsable d'équipe CNRS au sein du Centre de recherches de biochimie macromoléculaire de l'Université de Montpellier et membre de l’European Molecular Biology Organization. Site du lauréat
- 2013 • Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Bettencourt Coups d'élan pour la recherche française 2013 récompense Patrick Lemaire, chercheur en biologie du développement, pour ses recherches novatrices sur les ascidies, petits invertébrés marins.
Le bon modèle
Les chercheurs du Centre de recherche de biochimie macromoléculaire de Montpellier utilisent un petit animal marin pour répondre à une grande question de la biologie de l’évolution.
En biologie du développement, le choix du modèle est crucial. Œuf de batracien, larve de poisson zèbre ou ver nématode, les chercheurs scrutent le développement embryonnaire dans des organismes aux avantages et aux limites propres. L’émergence depuis une quinzaine d’années des ascidies, groupe d’invertébrés marins, comme modèle-phare, doit presque tout aux travaux de l’équipe de Patrick Lemaire.
Contrairement aux apparences, ces petits animaux filtreurs recèlent une étonnante complexité. Ils intéressent tout particulièrement l’équipe de Montpellier en raison de leur grande divergence génétique qui ne se manifeste pourtant pas dans leurs différences morphologiques, minimes. Les ascidies sont idéales pour résoudre un mystère qui intrigue les biologistes depuis le XIXe siècle : pourquoi existe-t-il tant de différences entre évolution des génomes et évolution des morphologies ? Par exemple, les espèces que l’on qualifie de « fossiles vivants », comme le cœlacanthe, ont bien accumulé de nombreuses mutations génétiques, pourtant, leur morphologie se trouve quasiment inchangée depuis des millions d’années.
Le soutien de la Fondation Bettencourt
La Fondation Bettencourt Schueller soutient le laboratoire de Patrick Lemaire pour l’installation d’une animalerie spécifiquement dédiée aux ascidies et l’acquisition d’un microscope adapté à leur étude. Ces équipements profiteront à tout le Centre de recherche de biochimie macromoléculaire et offriront les moyens d’asseoir mieux encore l’ascidie et ses spécialistes au sein de la communauté internationale de biologie du développement.
Patrick Lemaire en quelques mots
Patrick Lemaire a commencé sa carrière en étudiant l’œuf d’une grenouille africaine, le Xénope, star des laboratoires de biologie du développement.
A la fin des années 1990, il s’intéresse de plus en plus aux ascidies, organismes marins alors peu connus. Le polytechnicien de formation croit à la puissance de ce nouveau modèle et se relocalise au Centre de recherches de biochimie moléculaire à Montpellier pour interagir plus directement avec l’exceptionnelle communauté de spécialistes de la biologie évolutive présente dans cette ville. Le pari est risqué, mais le travail de l’équipe que Patrick Lemaire réunit autour de lui permet de hisser les ascidies au rang des modèles de biologie du développement les mieux côtés. L’équipe a notamment développé une base de données intégrée qui est devenue une référence mondiale pour l’étude de ces animaux. La mise en place de tels outils permet de faciliter et de populariser l’utilisation du modèle.
Élu membre de la prestigieuse European Molecular Biology Organization en 2011, Patrick Lemaire galvanise le nouveau domaine interdisciplinaire « Evo-dévo » qui utilise interdépendamment biologie du développement et théories de l’évolution et assure un rayonnement mondial à la communauté des biologistes de Montpellier.
Prix Bettencourt Coups d’élan pour la recherche française
Le Prix Coups d’élan pour la recherche française a été créé par la Fondation en 2000, il a récompensé 78 laboratoires français et plus de 900 chercheurs ont bénéficié de ce prix. Jusqu'en 2021, ce prix était attribué chaque année à quatre équipes de recherche, relevant de l’Inserm et de l’Institut des sciences biologiques du CNRS. La dotation du prix était de 250 000 euros par laboratoire lauréat.
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