« Vis dans mon chœur » : immersion dans le quotidien d'un chœur d'enfants Retour sur le concert en réalité virtuelle de la Maîtrise Sainte-Philomène de Haguenau
Dirigés par Nicolas Wittner, les jeunes chanteurs de la Maîtrise Sainte-Philomène de Haguenau viennent tout juste de produire un spectacle inédit. Baptisé « Vis dans mon chœur » et filmé en réalité virtuelle, il offre une immersion à 360° dans un flot de musique et de chant mais dévoile également les coulisses de ce concert, le travail et la passion des enfants. Un événement rare, soutenu par la Fondation dans le cadre de l’accompagnement alloué à ses lauréats*, la Maîtrise ayant été distinguée en 2023 par le Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral.
Elle est en plein centre de Haguenau mais restée longtemps avec les volets clos. Le 5 avril dernier, cette belle maison de briques rouges qui fut autrefois le tribunal de grande instance de la ville a rouvert ses portes pour un événement totalement inédit. Un concert en réalité virtuelle proposé par les jeunes chanteurs de la Maîtrise Sainte-Philomène de Haguenau dont la réputation fédère désormais un public grandissant de fidèles, séduit par l’excellence de ce chœur autant que par le dynamisme de l’établissement scolaire qui l’a créé.
La preuve dès l’entrée, avec la mobilisation de lycéens en filière professionnelle venus accueillir le public et le diriger vers une première salle où sont dispensés les précautions d’usage : comment utiliser le casque, se préparer aux images en réalité virtuelle dont les effets produisent parfois une sorte de vertige… Autant de conseils précieux car, une fois installés, les spectateurs se trouvent totalement immergés dans un spectaculaire flot de musique et de voix avec les extraits de quatre œuvres. Quelle que soit la variété des répertoires abordés, tous témoignent de l’excellence de ce chœur et de la force d’expression des voix d’enfants : la puissance et la grandeur avec O fortuna de Carl Off, l’épure d’une mélodie alsacienne avec Hilf o Himmel de Bernard Lienhardt, le contrôle de la voix et le temps suspendu avec l’Agnus Dei de Samuel Barber, et enfin l’explosion de joie avec Baba Yetu de Christopher Tin.
Révéler la façon dont les enfants parlent de la musique et la vivent
Ce concert d’un nouveau genre est né de la volonté de Nicolas Wittner, le chef de la Maîtrise Sainte-Philomène, qui avait déjà fait l’expérience de ce type de captation et en connaissait les atouts. « J’ai enregistré en 2022 mon premier concert en réalité virtuelle avec l’ensemble Les Métaboles et l’association Bulles 360 pour la technique » raconte-t-il.
Nicolas Wittner prend ensuite la mesure de tous les possibles liés à cette technologie et choisit de recontacter l’association Bulles 360 en proposant d’aller plus loin. « Je ne voulais pas d’un simple concert, mon idée était de concevoir un spectacle à part entière où le son, la lumière et le livret seraient pensés pour la réalité virtuelle. Je me suis alors rapproché du metteur en scène Jean-Michel Héder avec lequel j’avais déjà mené plusieurs projets ». Ce dernier est d’emblée conquis par l’expérience et propose d’intégrer au film les coulisses de la réalisation du concert. « Ensemble, nous avons travaillé à offrir au public ce qu’il ne voit habituellement pas. Comment les enfants parlent de la musique et la vivent, ce qu’ils partagent avant et après un concert », poursuit Nicolas Wittner.
Soutenu par la Fondation dans le cadre de l’accompagnement offert aux lauréats du Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral, ce spectacle inédit est à la hauteur de leurs ambitions. L’interprétation des œuvres est un pur bonheur mais l’attractivité du spectacle tient tout autant aux moments filmés en coulisses qui dévoilent le processus de création, l’exigence de concentration durant les répétitions et, plus simplement, la vie d’un groupe d’élèves. Face à la caméra, les jeunes chanteurs s’expriment à hauteur d’enfant, ce qui enrichit le film de répliques aussi surprenantes que rafraichissantes. Pour l’un, l’œuvre de Carl Off est surtout le souvenir d’une tournée en Pologne où il a fait tomber sa partition. Pour un autre, c’est l’occasion d’exprimer ses difficultés devant un passage et d’oser étriller le chef de chœur dont la conduite est jugée trop floue !
Une formation de haut niveau, avec sept heures de cours dédiés à la musique
Ce spectacle qui alterne chants et témoignages ravit les spectateurs. Il est aussi une source de grande fierté pour ces jeunes chanteurs qui suivent tous la formation d’excellence dispensée par cette Maîtrise, créée en 2007 à l’initiative de Nicolas Wittner. Celui-ci réussit alors à convaincre l’établissement Sainte-Philomène de Haguenau de se lancer dans l’aventure qui fédère chaque année un nombre grandissant d’élèves. Ils sont désormais 80 (du CE2 à la troisième) à suivre cette formation musicale de haut niveau, avec un emploi du temps aménagé leur permettant de dégager chaque semaines 7 heures de cours entièrement dédiés à la musique. Au programme ? Des ateliers de technique vocale et instrumentale, un travail exigeant de pupitre, de déchiffrage et de formation musicale.
Au fil des années, les élèves abordent un vaste répertoire, des œuvres baroques aux plus contemporaines, et participent à de multiples concerts et événements en France et à l’étranger. Le tout avec un plaisir et une passion qui affleurent à chaque instant de ce concert. Proposé à l’ensemble des établissements scolaires de la région jusqu’au 21 avril et accessible ensuite à d’autres publics, cet événement musical à 360° participera, sans nul doute, à susciter de nouvelles vocations.
Le programme d’accompagnement des lauréats de la Fondation Bettencourt Schueller
Les chœurs et maîtrises lauréats du Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral bénéficient d’une dotation financière complémentaire au titre de l’accompagnement d’un projet de développement (structuration de leur activité, évolution de leur parcours créatif ou de leurs offres d’actions culturelles et pédagogiques…). D’un montant qui peut aller juqu’à 100 000 euros, ce soutien est prévu pour une durée de trois ans, à partir de l’année de remise de la récompense.