Directrice artistique d’accentus et d’Insula orchestra, correspondante de l’Académie des beaux-arts, Laurence Equilbey préside le jury 2024 du prix Liliane Bettencourt pour le chant choral. Elle revient sur la nomination de l'Ensemble Correspondances, lauréat de cette édition.

Quelle était la tonalité du cru 2024 ?

Laurence Equilbey. Les candidatures reçues étaient toutes très intéressantes, très différentes dans leurs approches, leurs répertoires et leurs démarches artistiques. Nous avons notamment reçu les projets de nouveaux ensembles émergents, ce qui est prometteur, même si nous savons combien le contexte actuel est difficile. Parmi les autres propositions, nous avons retenu celles d’ensembles spécialisés dans leur cœur de répertoire, d’autres intégrant les nouvelles technologies ou privilégiant les collaborations avec d’autres domaines artistiques. 

Par ailleurs, la plupart de ces chœurs présentaient plusieurs points communs, notamment une importante réflexion autour de la transmission, qu’il s’agisse de pratique chorale, de découverte de répertoire oubliés ou de sensibilisation à la polyphonie… De manière plus générale, nous observons au fil des éditions que des candidats évoluent dans la structuration de leur projet.

Vous avez choisi de distinguer l’ensemble Correspondances. Quelles sont les raisons de ce choix ?

L.E. Le jury a unanimement reconnu les qualités musicales de Correspondances qui programme depuis plusieurs années des projets ambitieux. Cet ensemble spécialisé a notamment à cœur de promouvoir de façon vivante le répertoire, parfois peu connu, de la musique sacrée et profane du 17e siècle. La France a produit beaucoup d’œuvres majeures durant cette période ; celles-ci ont été redécouvertes depuis peu et Correspondances les a spécialement magnifiées. L’ensemble joue sur instruments d’époque et s’inscrit dans une démarche historiquement informée, indispensable pour restituer ces œuvres. Le nombre de musiciens et de chanteurs varie selon les œuvres abordées, mais Correspondances dispose d’un cœur de d’artistes fidèles qui travaillent ensemble depuis de nombreuses années. Leur directeur musical, Sébastien Daucé, a beaucoup de talent, c’est aussi un musicologue pointu et inspiré. 

Le jury a reconnu la belle évolution de Correspondances dans le temps, salué sa démarche et se veut très confiant sur son avenir. Il a été également convaincu par son projet d’accompagnement qui pourra être soutenu par la Fondation, notamment ses expériences de concerts immersifs visant à recréer des rituels musicaux dans une forme contemporaine.

© Louise Desnos / VU'

Ensemble Correspondances

Porté par Sébastien Daucé, son fondateur et chef de chœur, l'ensemble Correspondances œuvre pour faire connaître l'art lyrique et la musique du Grand Siècle.

Quel rôle joue, plus globalement le Prix dans l’univers du chant choral ?

Trente-quatre ans après sa création, le Prix est un véritable label d’excellence qui stimule le secteur de l’art choral. Il contribue à tirer les ensembles vers le haut, certains chœurs travaillent pour faire progresser leurs candidatures d’année en année : il est devenu un objectif en soi. Grâce au programme d’accompagnement proposé au lauréat, le Prix permet aux choeurs d’être audacieux dans leurs projets, de prendre des risques dans des créations et dans la transmission, mais aussi de passer une étape dans leur développement.

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