Méconnu, le système endocannabinoïde agit sur l'ensemble de notre organisme via de très nombreux récepteurs. Giovanni Marsicano s'est donné pour mission de découvrir comment il s'exprime dans différentes populations neuronales, pour comprendre son rôle de modulateur comportemental.

Les endocannabinoïdes : des molécules endogènes présentes dans tout l'organisme

Le cannabis agit sur le système nerveux via un ensemble de récepteurs, destinés à des molécules endogènes, appelées endocannabinoïdes.

Produits naturellement par notre organisme, les endocannabinoïdes ont tous les attributs des neurotransmetteurs, à la différence qu'ils ne sont pas synthétisés en continu, mais produits et libérés par les cellules nerveuses uniquement lorsqu'elles sont stimulées.

Ils agissent sur le système nerveux par l'intermédiaire de différents récepteurs, CB1 et CB2, situés dans le système nerveux central (cerveau et moelle épinière) mais également dans l'ensemble du système nerveux périphérique, ainsi que dans les cellules du système immunitaire.

Système endocannabinoïde et modulation comportementale

En 2006, grâce à la dotation du programme ATIP-Avenir, soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, Giovanni Marsicano constitue l'équipe de recherche " Endocannabinoïdes et neuroadaptation ", au sein du Neurocentre Magendie, à Bordeaux.

Ses recherches visent à élucider le rôle du système endocannabinoïde (SEC) dans la modulation de nos comportements, sa stimulation pouvant causer des comportements antagonistes tels que faim excessive ou perte d'appétit, anxiété ou prise de risques.

Les chercheurs ont pu confirmer une idée novatrice : le SEC exerce des fonctions différentes, selon la population neuronale concernée, et peut ainsi présenter des conséquences comportementales diverses, voire opposées.

Conséquences de l'inhibition de l'excitabilité neuronale

Les récepteurs endocannabinoïdes diminuent l'excitabilité neuronale en réduisant la libération présynaptique des neurotransmetteurs. Mais cela n'implique pas nécessairement l'inhibition de fonctions cérébrales. Lorsqu'ils freinent des transmissions inhibitrices, les endocannabinoïdes augmentent l'excitation de populations neuronales.

Pour comprendre le rôle du SEC, Giovanni Marsicano utilise la mutagenèse conditionnelle : il modifie génétiquement des souris pour supprimer les récepteurs CB1, sur certaines populations neuronales.

Ses travaux ont permis de comprendre le rôle du SEC dans le développement de l’obésité. Ils promettent également d'éclairer les troubles comportementaux et psychotiques, la mémoire et la perception sensorielle.

Giovanni Marsicano en quelques mots

Vétérinaire de formation, Giovanni Marsicano s'intéresse au système endocannabinoïde (SEC) lors de son doctorat en neurobiologie à l'Open University Milton Keynes au Royaume-Uni.

Son post-doctorat à l'Institut Max Planck, lui permet de découvrir que le SEC contrôle l’expression des souvenirs aversifs et que les récepteurs CB1 jouent un rôle dans la protection des neurones contre l’excitotoxicité.

En 2006, soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, il constitue l'équipe de recherche " Endocannabinoïdes et neuroadaptation ", au sein du Neurocentre Magendie.

Les chercheurs ont notamment pu comprendre comment les cannabinoïdes servent de médiateur à l’analgésie. Ils ont également démontré que les endocannabinoïdes structurent la connectivité du cerveau en formation.

Ils ont enfin découvert la prégnénolone. Ce précurseur naturel de plusieurs de nos hormones, capable d'inhiber certains effets du cannabis, est très prometteur pour le développement d'un traitement contre la dépendance.

  • 1992 Doctorat en médecine vétérinaire, Université de Parme (Italie)

  • 2001 Doctorat de neurobiologie, Open University Milton Keynes (Royaume-Uni)

  • 2001 Post-doctorat, Institut Max Planck, Munich (Allemagne)

  • 2005 Professeur junior, Department of Physiological Chemistry, Johannes Gutenberg University, Mayence (Allemagne)

  • 2005 Lauréat du programme Avenir de l’Inserm, en partenariat avec la Fondation Bettencourt Schueller

Dotation du programme ATIP-Avenir

Depuis 2005, la Fondation Bettencourt Schueller est partenaire du programme Avenir de l’Inserm. En 2009, le programme Avenir a fusionné avec le programme ATIP de l’INSB du CNRS. La Fondation soutient depuis le programme ATIP-Avenir qui favorise le retour ou l’installation en France de jeunes chercheurs de très haut niveau, porteurs d’un projet de recherche de qualité exceptionnelle, et désireux de créer leur propre équipe.

Tous les lauréats du prix

Appel à candidatures

Les candidatures pour l’édition 2024, sélectionnées parmi les lauréats ATIP-Avenir de l’Inserm et du CNRS, seront ouvertes du 16 juillet au 2 septembre 2024.

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