Le concept de maison Familya, imaginé il y a tout juste dix ans, se fixe pour objectif d’aider les couples et les familles à dépasser leurs difficultés pour construire des relations durables et de qualité. Explications à l’heure où la structure entame un développement dans toute la France, que la Fondation a décidé de soutenir.

Le premier est médiateur familial, la seconde conseillère conjugale. Au fil de leur longue expérience professionnelle, Thierry Veyron la Croix et son épouse Frédérique ont rencontré des centaines de familles en proie à de grandes difficultés relationnelles, dont l’issue était le plus souvent la séparation. Ils ont vu de près leur souffrance, les conséquences sur leur propre vie et celle de leurs enfants. Face à ce constat, ils ont eu envie de réagir, mus par une même conviction. 

Depuis les années 2010, on compte en France, environ 425 000 séparations conjugales et 379 000 enfants expérimentent la séparation des adultes qui en ont la charge*. Et pourtant, la rupture n’est pas une fatalité !

Thierry et Frédérique Veyron La Croix expliquent : « Nous pensons qu’il est possible de prévenir bien des conflits mais aussi de résoudre ceux qui surgissent. Pour cela, il est essentiel de mettre en place des structures de prévention, emmenées par des professionnels qui prennent le temps d’écouter, de soutenir les personnes en difficulté pour les aider à trouver leurs propres solutions, et redonner du sens à leur relation.

Des accompagnements adaptés à la situation et aux difficultés de chacun

Dans cet esprit, Thierry et Frédérique Veyron la Croix décident, en 2013, de créer à Lyon une première « maison de familles » qui accueille - de façon inconditionnelle et bienveillante - toutes les personnes qui le souhaitent, sans distinction d’origine, de religion ou de situation familiale. Réunissant médiatrices familiales et conseillères conjugales, l’équipe propose un large éventail d’accompagnements, adaptés à la situation de chacun. Les séances de conseil conjugal et familial s’adressent à des couples qui connaissent des difficultés sur le plan affectif, relationnel ou sexuel. L’objectif ? Les aider à mettre des mots sur leur souffrance et leur colère, comprendre leurs propres désirs et ceux de l’autre, clarifier leurs relations et trouver leurs propres solutions. D’une heure environ, les rencontres ont lieu tous les 15 jours, à raison d’un ensemble de 3 et 8 séances. « Et ça marche, assure Thierry Veyron la Croix. À la demande de Familya, l’agence Haatch a récemment mené une importante étude de mesure d’impact, à l’échelle nationale, montrant que :

73 % des personnes, qui viennent en conseil conjugal avec l’intention de se séparer, parviennent à restaurer leur relation. Et parmi celles qui se séparent, les trois quarts estiment qu’elles le font dans le cadre d’une relation plus apaisée, moins conflictuelle.

  • Cinq jeunes femmes écoutent une femme plus âgée en souriant
    Groupe de jeunes femmes suivant un atelier du parcours Graine de femme, Familya Lyon.
    © G. De Loynes
  • Grand salon lumineux avec canapés, chaises et tables
    Espace Familya, à Lyon.
    © Familya
  • Portrait d'une femme et une petite fille souriant en regardant l'objectif
    © Familya

Apaiser les relations entre des parents, au sein d’une famille ou d’une fratrie 

Lorsque le lien conjugal est rompu, c’est au médiateur familial de prendre le relais, à la demande des ex-conjoints, ou avec leur consentement s’ils sont reçus sous l’injonction d’un juge aux affaires familiales. Dans ce cas, le but est de reconstituer une équipe parentale fiable, qui saura œuvrer dans l’intérêt de l’enfant. Organisation du mode de garde, partage des responsabilités, paiement de la pension alimentaire… Ces sujets sont abordés au fil d’entretiens réguliers, qui permettent d’établir un consensus entre les parents. Là encore, l’accompagnement fonctionne puisque les dernières enquêtes, au niveau national, montrent que plus de la moitié des personnes qui viennent en médiation aboutissent à un accord. 

Largement dédié aux parents séparés, l’accompagnement peut aussi concerner d’autres liens au sein de la famille : dans une fratrie ou entre des parents et un jeune adulte, lorsque les relations sont conflictuelles, ou les liens rompus. 

En dehors de ces séances spécifiques, le lieu organise des groupes de parole, des conférences, ou encore des ateliers de soutien pour les enfants de parents séparés. Il reçoit également des personnes seules qui souhaitent sortir de leur isolement avec, toujours, une même mission : permettre de construire, restaurer ou renforcer des liens durables et de qualité. Ces séances sont payantes mais les tarifs (de 10 à 60 euros pour le conseil conjugal et familial) sont aménagés pour tenir compte du niveau de ressources de chaque participant. 

Un essaimage dans huit villes de France à l’horizon 2024

L’expérience connait un tel succès que Thierry Veyron la Croix et Benoit Vissac, délégué général, décident de la formaliser davantage. En 2018, le projet prend le nom de maison Familya et devient un réseau de lieux ressources destinés à l’éducation à la relation, ceci à tous les âges de la vie. L’ambition est alors de développer l’expérience à travers de nouvelles maisons, portées par une association loi 1901 et affiliées à la Fédération dont elle respecte la charte, tout en bénéficiant d’une autonomie lui permettant de répondre aux besoins spécifiques de chaque environnement. Cinq ans plus tard, on compte trois nouvelles maisons Familya à Paris, Bordeaux et Mézieux et la Fédération a le projet d’en inaugurer quatre nouvelles à Orléans, Nancy, Roanne et Saint-Etienne à l’horizon 2024. La mission est à chaque fois la même, tout comme le modèle de financement qui réunit des aides publiques des régions, des mairies, des caisses d’allocations familiales et des fonds privés, notamment de la Fondation Bettencourt Schueller. 

Fiers de leur dix années d’expérience, Thierry et Frédérique Veyron la Croix voient encore plus loin :

Notre objectif est d’inaugurer à terme une maison Familya par région mais, au-delà de ces ouvertures, nous avons un autre désir : rendre banal l’accès à ce type d’accompagnement.

​Thierry et Frédérique Veyron la Croix poursuivent : « On le sait, la famille est aujourd’hui fragilisée et les séparations entrainent de multiples conséquences pour les adultes et les enfants concernées (perte d’estime de soi, isolement) mais également de nombreux problèmes sociétaux. Voilà pourquoi nous rêvons d’une politique de santé relationnelle à part entière, pour le couple et la famille ».

Et aussi…

Inspirées par l’expérience Familya et également soutenues par la Fondation Bettencourt Schueller, d’autres structures proposent aux couples et aux familles ce type d’accompagnement. Tout juste inaugurée à Compiègne, la Maison Bartimée entend prévenir les risques de rupture des liens familiaux en proposant des soutiens individuels et des ateliers collectifs pour aider les couples dans la durée, accompagner les jeunes dans la construction de leur personnalité, travailler sur les liens parents-enfants ou ceux de la fratrie. Depuis son ouverture en mars, la maison connait un vrai succès, multipliant les ateliers et consultations.
 

Maison Familya | Associations membres du réseau Familya Les ruptures familiales, les séparations et les familles séparées | Ministère des Solidarités et de la Santé

Familya

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