Pour susciter des vocations et favoriser l’expression des talents dans l’univers des métiers d’art, la Fondation Bettencourt Schueller a lancé une ambitieuse campagne baptisée Mon Métier Demain. L’objectif ? Générer l’intérêt des nouvelles générations pour la noblesse et la modernité de l’artisanat d’art. Explications.

Le monde entier rêve devant les sculpteurs de Notre-Dame ou les plumassières qui œuvrent dans les coulisses des défilés de haute couture. Et pourtant... Les métiers d’art peinent aujourd’hui à susciter les vocations. Certaines filières ferment dans les lycées, faute d’élèves. Les entreprises ne parviennent plus à recruter. Des pans entiers de savoir-faire pourraient disparaître. 

Face à ce constat, la Fondation, qui est engagée depuis 25 ans en faveur des métiers d’art, a décidé de lancer une grande campagne de communication baptisée Mon Métier Demain. Elle vise à éveiller l’intérêt des jeunes pour l’artisanat d’art, à montrer que c’est une filière d’avenir. Pour cela, la Fondation s’est appuyée sur l’expertise de deux « militantes » des métiers d’art, l’entrepreneuse Raphaëlle Le Baud qui a créé en 2018 le média The Craft Project pour valoriser ces métiers en donnant la parole à ceux qui les exercent et la journaliste Sylvie Adigard, passionnée de longue date par cet univers et marraine de l’association. Toutes deux ont imaginé une série de films d'une minute qui portent la parole de jeunes artisans.

Sidi, futur parurier floral

« Nous avions envie de promouvoir ces filières en offrant la preuve par l’image, explique Sylvie Adigard. Montrer et convaincre par des expériences de vie, donner la parole à des jeunes qui parlent de leur métier avec passion ; des jeunes qui s’épanouissent, réussissent et donnent envie ».

Parmi les thèmes abordés, on retient tout d’abord le choix de l’orientation. S’il constitue une évidence pour certains  Louis, futur bronzier initié très tôt à la matière par une famille d’artisans passionnés ou Eden, future chapelière qui imaginait déjà les vêtements de ses poupées à la maternelle  d’autres témoignent au contraire de l’effet (heureux) du hasard. Alexandra, future ciseleuse en est le parfait témoin.

« En troisième, j’étais un peu perdue, je ne savais pas encore que j’allais me diriger vers les métiers d’art. J’ai visité un atelier, j’ai décidé de tenter ma chance ».

À l’unisson, tous revendiquent la pertinence de ce choix. 

Un même consensus les réunit autour de la découverte de leur univers et la richesse des processus d’apprentissage. Sans tabou, Louis raconte sa frayeur lors de sa première visite d’atelier.

« J’ai été très impressionné par le feu du chalumeau et le danger de certaines machines. Aujourd’hui, je les ai apprivoisées. J’ai appris à inculquer à la matière une émotion plus forte que les mots. Mes pièces parlent d’elles-mêmes ».

Un véritable plaidoyer en faveur des métiers d’art, à hauteur d’adolescent

Âgés de 14 à 20 ans et inscrits dans les différentes filières de l’École Boulle ou du lycée Octave Feuillet à Paris (CAP, lycée pro et post-bac), les élèves ont tous été enthousiasmés par l’aventure. « Nous leur avons donné une consigne à la fois précise et ouverte : raconter leur parcours, leur futur métier mais aussi leur ressenti », poursuit Sylvie Adigard. Le résultat est à la hauteur du défi relevé, véritable plaidoyer en faveur des métiers d’art, à hauteur d’adolescent. Chaque film est une pépite en soi, l’ensemble forme une entité complète et cohérente, révélant la richesse et la diversité des parcours, ce qui permet à chacun de se retrouver, et de s’identifier. 

Ce même état d’esprit infuse les paroles d’Ulysse, futur joaillier :

« Enfant, je passais mon temps à faire des maquettes. J’aime la minutie, la précision ; ici, j’ai trouvé mon terrain de jeu et l’apprentissage est permanent ».

Ou encore celles de Noémie, future ébéniste :

« Je découvre tous les jours de nouvelles essences de bois et je ressens de plus en plus de plaisir à toucher et à travailler la matière. Notre métier est fait de savoir-faire mais aussi d’imagination ».

Une volonté de préserver des savoir-faire ancestraux et de les ancrer dans l’époque.

Loin de l’image désuète de l’artisan isolé dans son atelier et condamné à une simple répétition de gestes, tous affirment développer une culture et une créativité qui participent largement à leur épanouissement. Conscients de préserver et redonner vie à des savoir-faire ancestraux, ils revendiquent aussi un solide ancrage dans les valeurs de l’époque  la dimension écologique de ces métiers et un aspect collaboratif précieux, comme en témoigne Noémie.

« Je suis inscrite dans l’atelier bois mais lorsque je pense une pièce, je peux proposer d’y ajouter un élément de métal ou de tapisserie car je sais qu’il y a, à côté, des copains qui travaillent ces matières. Ces collaborations sont très importantes à mes yeux. C’est une ouverture d’esprit, une manière de ne pas s’enfermer dans son seul savoir-faire ».

Dernière ligne de force de ces témoignages, et sans doute la plus précieuse. Les élèves affichent tous un plaisir quotidien à rejoindre leur atelier. « J’y suis très heureuse », poursuit Noémie. « Chacun est concentré sur son travail mais on échange, on s’entraide. Il y a une bonne ambiance, jamais de conflit, ni de violence. Tout le monde est heureux, et investi ». « Cet épanouissement est sans doute le sentiment le mieux partagé » confirme Sylvie Adigard, « avec une vraie fierté de la chose faite ».

Noémie, future ébéniste | Mon Métier Demain

Des contenus libres de droits mis à disposition de toute la communauté des métiers d’art. 

Pour donner aux jeunes et à leurs familles tous les éléments permettant de faire un choix d’orientation éclairé, l’opération Mon Métier Demain est enrichi de quatre podcasts qui présentent les deux établissements, détaillant plus concrètement les contenus des filières et les débouchés qu’offrent les métiers d’art. « Ce prolongement nous a semblé essentiel dans une société qui surinvestit les filières intellectuelles au détriment de ces métiers, néanmoins porteurs de sens et de nombreuses opportunités en termes d’emploi », explique Sylvie Adigard. 

Ce viatique précieux est déjà mis à la disposition, libre de droits, de toute la communauté des métiers d’art pour faire rayonner le plus largement possible ces filières d’excellence. Et l’opération est en pleine cohérence avec la stratégie lancée le 30 mai 2023 par les ministère de la culture et de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, afin de penser et accompagner les métiers d’art de demain.

Mon Métier Demain | YouTube

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Mon Métier Demain

La Fondation Bettencourt Schueller, mécène des métiers d’art, s’est associée à The Craft Project et Sylvie Adigard, journaliste et experte métiers d’art et design, pour concevoir des films et podcasts, et lancer une campagne de...